Décidément, la recherche sur la jaunisse met un coup d’accélérateur. Deux jours après l’annonce du plan national de Recherche et Innovation contre la jaunisse dotée de 7 M€, c’est le groupe Deleplanque qui a annoncé le lancement de son programme de recherche intitulée Monitoring & Defence against Yellow virus.

Ce programme pour identifier des solutions de substitution aux néonicotinoïdes, réalisé en partenariat avec l’ITB et l’Inrae avec le soutien de la CGB et des fabricants de sucre, avait été décidé et construit en 2019, avant les fortes attaques de jaunisse de cette année. Mais il a été officiellement dévoilé le 23 septembre quand Alexandra Dublanche, vice-présidente de la région Île-de-France est venue confirmer le soutien financier de la région à hauteur de 1,3 million d’euros. Cette annonce permet donc à ce projet (3,80 M€ au total) de véritablement démarrer. « Financer le projet R&D du Groupe Deleplanque, dont le but est de trouver des alternatives aux néonicotinoïdes, c’est encourager un projet qui va dans le sens d’une écologie positive », a-t-elle affirmé. Les régions Hauts-de-France et Grand Est devraient également participer autour de table.

« Modefy a été travaillé par les équipes allemandes de Strube (filiale de Deleplanque) en étroite collaboration avec l’ITB et l’Inrae. C’est un projet interprofessionnel. Il s’inscrit dans une démarche collaborative qui pourra être amplifiée afin de se donner toutes les chances de relever le défi de la lutte contre la jaunisse et le puceron », explique le président du groupe Deleplanque, Eric Verjux. « La CGB a été fédératrice sur ce dossier », ajoute Laurent Boiroux, directeur de l’agronomie chez Deleplanque.

Approche multifactorielle

Le semencier a bâti une approche multifactorielle combinant génétique, agronomie et agroécologie, avec six modules afin de faire le tour de la problématique.

• Le premier module intitulé “monitor“ sera conduit par l’ITB sur 4 années. Il s’agit d’acquérir des données expérimentales grâce à l’élargissement du réseau de surveillance qui existe déjà – auquel pourraient participer des agriculteurs et les techniciens des sucreries – pour mieux connaître la dynamique de la population de pucerons. Des modèles prédictifs et épidémiologiques à l’échelle du territoire seront mis en place pour déterminer quand, comment et où arrivent les pucerons.

• Le deuxième module “phénotypage“ sera conduit par le groupe Deleplanque, qui recherchera la variabilité génétique au sein des collections de betterave à l’aide de caméras hyperspectrales. Avec ce matériel, le sélectionneur pourra identifier les variétés résistantes à la jaunisse au stade précoce de sélection des betteraves.

• Le module “Inoculation défense“, dirigé par Deleplanque, a pour but de mettre au point des techniques d’épandage automatiques de pucerons vecteurs de la jaunisse pour les essais des variétés. Mais cette technique pourrait ensuite être utilisée pour inoculer dans les champs des insectes auxiliaires, comme les larves de coccinelle, les chrysopes, des araignées !

• Le quatrième module “ressources génétiques et sélection“ sera conduit conjointement par Deleplanque et l’Inrae pour rechercher des gènes de résistance dans les betteraves sauvages, potagères ou fourragères, ainsi que les cardes,… et réaliser des introgressions de ces gènes dans les variétés élites.

• Le cinquième module “contrôle biologique“ sera de mené par l’ITB. L’institut travaillera sur l’aménagement paysager, le développement des cultures qui pourraient attirer les pucerons et les dissuader d’aller dans les betteraves, ou qui favoriseraient des auxiliaires bénéfiques.

• Enfin le dernier module intitulé “électropénétrographie“ sera conduit par l’Inrae de Colmar. Il est assez original, puisqu’il consiste à poser des électrodes sur les pucerons pour analyser leur comportement alimentaire. Deleplanque espère sélectionner une vingtaine de génotypes qui seraient capables de réduire ou bloquer le potentiel virulifère des pucerons.

Les premiers résultats sont prévus pour 2022-2023 et devraient être clos en 2024.