« J’ai jusqu’au 5 octobre pour faire avancer la loi », a indiqué en préambule Grégory Besson-Moreau, le 25 septembre à Villette-sur-Aube. C’est donc un député « prêt à tout entendre et ouvert à toute proposition » qui s’est présenté devant un auditoire composé d’agriculteurs, d’apiculteurs et d’écologistes. L’élu LREM a rappelé son hostilité aux néonicotinoïdes (« c’est un produit qui tue »), tempérée par son souci de « trouver le bon équilibre entre le sauvetage de la filière et la préservation de la biodiversité ». Il a insisté sur l’une des principales avancées du texte, issue d’un amendement : la création d’un conseil de surveillance qui se réunira tous les trois mois afin d’évaluer les progrès sur la recherche d’alternatives. Voici un florilège des points de vue exprimés.

Régression

« La loi que vous soutenez pourrait être considérée comme une régression, lance un représentant de France Nature Environnement. Et qui nous dit que les dérogations ne seront pas prolongées d’une année à l’autre ? L’environnement ne doit pas être une variable d’ajustement. »

Problème conjoncturel ou structurel ?

« La jaunisse est un phénomène conjoncturel lié à un hiver très doux, affirme ce même écologiste. C’est un problème ponctuel auquel il faut apporter une réponse assurantielle. » « Non, c’est un problème structurel », rétorque Bruno Labilloy, directeur agricole de Cristal Union, qui se souvient que la jaunisse « était une cause de baisse de rendement très importante » avant l’apparition des néonicotinoïdes, et que ces derniers étaient considérés « comme un progrès sur le plan de l’environnement ».

Le bio aussi touché

La betterave bio n’est pas épargnée par la jaunisse. Mais elle ne dispose pas des néonicotinoïdes pour lutter contre le puceron. « On compte beaucoup sur les alternatives », souligne un planteur.

Sucreries en sursis ?

Le président de la sucrerie d’Arcis, François Prompsy, a rappelé que l’industrie sucrière française était confrontée à trois difficultés : « La fin des quotas qui a entraîné une baisse des prix, une 3e année consécutive de sécheresse et la jaunisse », et qu’il était « très difficile d’encaisser un tel choc ». Son directeur, Alain Bouilly, enfonce le clou : « Il y a eu 110 jours de campagne en 2019, il y en aura 90 cette année, peut-être 80 l’an prochain. À ce rythme, il n’y aura plus d’usine à Arcis dans trois ans car il faut 120 jours de campagne pour amortir les investissements. »

Le lixus attaque

Un agriculteur apiculteur et multiplicateur de semences a vu les populations de ce charançon exploser sur le sarrasin. Il prophétise que l’insecte ravageur « va piquer la betterave, descendre dans la racine et la faire pourrir ». Il prédit aussi « la mort du trèfle violet » avec le retrait des néonicotinoïdes, rappelant au passage qu’il faut des pollinisateurs pour produire des semences de betteraves.