Le mildiou reste le premier sur la liste des agents pathogènes dont les sélectionneurs cherchent à limiter l’impact. Ces dernières années, les travaux des équipes de l’Inrae sur l’architecture végétale ont marqué un tournant. Ils ont prouvé que l’aération du couvert réduit l’humidité et les maladies dans le feuillage. « Cet effet architecture, combiné à d’autres leviers, peut suffire à contenir la maladie lorsque l’attaque est modérée », estime Claudine Pasco, pathologiste à l’Inrae. Les variétés peu sensibles sont notées de 7 à 9 lors de l’inscription. Une quinzaine de variétés peu sensibles au mildiou du feuillage sont aujourd’hui éligibles aux certificats d’économie de produits phytosanitaires (CEPP). Elles permettent de miser sur une réduction d’indicateur de fréquence de traitements phytosanitaires (IFT) de 30 % à 40 %. Ces résultats sont obtenus dans des essais comparant une variété sensible comme Bintje à une variété à haute résistance au mildiou comme Tentation. « Dans les conditions de l’année 2019, la combinaison de tous les moyens de protection intégrée a permis de réduire très significativement les IFT de 50 % sur variétés sensibles à 96 % sur variétés très peu sensibles », explique-t-on chez Arvalis.

Barrière au virus

La résistance aux virus constitue le deuxième enjeu de la génétique. Un consortium international de scientifiques de vingt pays travaille sur la maîtrise du virus Y de la pomme de terre (PVY), reconnu comme le plus dommageable. Ce virus se transmet par les pucerons. Il provoque un rétrécissement des feuilles, avec parfois des déformations ou taches. Grâce aux kits et outils d’analyse, tout plant porteur de virus peut aujourd’hui être éliminé par tri, évitant de propager le virus. Pour améliorer la résistance des variétés, le centre de ressources biologiques Inrae de Ploudaniel (Finistère) passe au crible les gènes de résistance provenant en majorité de solanacées sauvages apparentées à la pomme de terre. Le laboratoire breton en conserve près de 900 spécimens, utilisés pour la création de géniteurs améliorés. L’objectif est de mettre chaque année à disposition des sélectionneurs privés français de nouveaux géniteurs résistants. Par exemple, la variété Lady Christl possède une résistance assez bonne aux différents isolats du virus Y. Mais le comportement d’une variété peut évoluer, car de nouvelles souches de virus Y peuvent apparaître et parvenir à contourner la résistance.

Nématodes

Troisième groupe de parasites, les nématodes. La résistance génétique vise en particulier les nématodes à kystes Globodera rostochiensis et G. pallida. Ces espèces sont localisées à l’ouest de la France dans les zones de maraîchage et au nord dans celles de production à rotations courtes. Là aussi, la génétique a permis de créer des variétés peu sensibles. La première était Iledher, inscrite en 2009, suivie par Stronga. Pour avoir un niveau suffisant, la note de résistance doit être au minimum de 7, à l’issue des tests imposés par la directive européenne. Face aux nématodes le risque de contournement de la résistance reste toujours possible, c’est pourquoi il y a intérêt à associer ces variétés avec d’autres méthodes de lutte agronomique. L’étape suivante franchie par les sélectionneurs : des pommes de terre à double résistance. Plusieurs génotypes à haute tolérance aux virus et aux nématodes sont déjà disponibles au catalogue européen.