Pour aider au choix variétal, des listes de variétés sont réalisées en fonction de différents critères (maladies, sécheresse…). Tous les essais variétés suivis par la filière sont classés et regroupés. Ces regroupements pluriannuels, analysés à l’échelle d’un réseau représentatif de conditions de culture diverses, permettent une meilleure fiabilité des résultats et assurent donc aux agriculteurs des choix objectivés.

Des regroupements pluriannuels

Depuis plusieurs années, l’ITB présente des résultats rassemblant deux, voire trois années d’étude des variétés selon leur date de première commercialisation. En effet, les résultats de la seule année antérieure manqueraient de fiabilité. Pour vérifier cela, une analyse a été effectuée afin de comparer le classement réel des variétés une année donnée avec son classement de l’année précédente ou avec son classement moyen sur les deux années précédentes. Cette étude s’appuie sur les réseaux d’expérimentations conduits de 2012 à 2019. L’ITB a mesuré le nombre de fois où deux variétés sont mal classées une année donnée à partir des résultats de l’année précédente ou des deux années précédentes. L’ensemble des couples de variétés a été étudié et la figure 1 donne le pourcentage de bons classements des variétés. Sur huit ans, il n’y a qu’en 2018 que le classement établi à partir de l’année 2017 seule est meilleur qu’avec la moyenne de 2016 et 2017. En moyenne, 76 % des variétés sont bien classées sur la base d’un regroupement des deux dernières années, contre 70 % en se référant uniquement à l’année antérieure.

Pour aller plus loin dans cette étude, les pertes de rendement associées à ces mauvais choix variétaux ont été analysées. Pour chaque année, la figure 2 indique la répartition des pertes de rendement sur l’ensemble des couples de variétés mal classées à partir des résultats de l’année précédente ou des deux années précédentes. La perte de rendement est de 1,6 T/ha de poids racine en moyenne, si on utilise les résultats obtenus sur deux années pour faire le choix variétal, contre 1,8 T/ha et 1,7 T/ha en moyenne si on se base sur les résultats de l’année précédente. De plus, la dispersion entre variétés, représentée par la taille des barres, est beaucoup plus faible à partir d’un regroupement pluriannuel, sauf, une nouvelle fois, pour l’année 2018.

Ces résultats montrent bien qu’il est important de prendre en compte plusieurs années pour étudier le rendement des variétés : il y a moins d’erreurs de classement des variétés et ces erreurs de classement génèrent des pertes de rendement moindres.

Des regroupements géographiques

Les résultats des essais variétaux sont toujours présentés à l’échelle de la zone betteravière française. Toutefois, la question peut se poser de faire des regroupements plus locaux, à l’échelle des régions ou des départements, par exemple.

Pour étudier l’intérêt d’une telle démarche, cette même étude a été reproduite en divisant les essais selon quatre zones géographiques (voir carte) :

• une première zone constituée des essais conduits dans les départements de la Somme, du Pas-de-Calais et du Nord ;

• une deuxième zone avec les essais menés dans les départements de la Seine-Maritime, de l’Eure et de l’Oise ;

• une troisième zone avec les essais provenant des départements du Loiret et de la Seine-et-Marne ;

• enfin, une quatrième zone avec les essais pratiqués dans les départements de la Marne, de l’Aube et de l’Aisne.

La figure 3 présente le pourcentage de bons classements en utilisant tous les essais ou en regroupant les essais en provenance d’une même zone. Selon l’année étudiée, le fait de travailler dans une zone peut occasionnellement générer un meilleur classement de variétés. Cependant, en moyenne, le pourcentage de bons classements est de 76 % si l’on raisonne à l’échelle nationale, contre 68 à 73 % si l’on différencie les quatre zones géographiques

On peut également observer, sur la figure 4, les pertes de rendement associées aux mauvais classements. En moyenne, cette perte est de 1,6 T/ha de poids racine si nous considérons la totalité des essais, contre 1,8 T/ha à 2,1 T/ha en distinguant les quatre secteurs géographiques.

Les moins bons résultats recueillis sur la base des essais dans chaque zone peuvent aussi s’expliquer par une précision moindre des rendements estimés pour chaque variété, du fait d’un nombre d’essais plus faible. Pour améliorer le choix variétal, il faut donc trouver un équilibre entre le nombre de données utilisées et l’apport d’informations de ces données. Dans ce cas, il semble que la perte de précision des estimations de rendement due à la baisse du nombre d’essais dans chaque zone géographique ne soit pas compensée par un accroissement de la représentativité des essais dans chaque secteur.

Des regroupements basés sur les conditions environnementales

Chaque année, l’ITB propose des choix de variétés pour des conditions environnementales particulières, notamment pour le stress hydrique. Ces résultats sont issus d’essais reconnus comme secs pendant la culture par les experts en régions, sur la base d’observations telles que le flétrissement ou la sénescence prématurée des feuilles. L’ITB a démarré une étude afin d’améliorer les recommandations variétales par l’analyse d’indicateurs climatiques ou agronomiques (azote et eau disponibles pour la culture au cours des différentes phases du cycle cultural).

Pour ce faire, les essais variétés de 2014 à 2019 ont été classifiés à partir d’un grand nombre d’indicateurs : sommes de températures, indice de nutrition azotée, rayonnement intercepté, bilan hydrique à différentes phases (implantation, avant couverture, après couverture). Ces études s’annoncent prometteuses, puisque nous arrivons, en utilisant l’un des modèles que nous avons mis au point, à expliquer 76 % des variations de rendement entre les essais et à en prédire 41 %, avec une erreur de prédiction moyenne de 12,4 T/ha de poids racine. À partir de ce modèle, nous avons classé les essais en trois groupes chacun, caractérisés par des conditions environnementales spécifiques et qui permettent d’expliquer 58 % de la variance du rendement. Au sein d’un même groupe, coexistent des essais de provenances géographiques très diverses, ce qui démontre, une nouvelle fois, qu’un classement par zones géographiques n’a pas de sens. Dans un contexte climatique changeant, il sera plus pertinent de regrouper les essais par conditions environnementales homogènes plutôt que par zones géographiques.