Monosem, grand spécialiste français du semoir de précision, s’intéresse à la modulation du semis et au sacro-saint principe de la bonne dose au bon endroit depuis plusieurs années. Plus encore depuis 2018, date à laquelle il a reçu la certification de l’AEF (Agricultural industry electronics foundation) pour les systèmes de la coupure de rang (SC ou Section control) et de la modulation de dose (TC-Geo ou Task control géolocalisé). Aujourd’hui, le constructeur de Largeasse, dans les Deux-Sèvres, dispose de quatre éléments semeurs à entraînement électrique – NG Plus 4, NG Plus 4 M, NX M et Meca V 4 – capables de moduler la dose de semences en fonction des indications agronomiques fournies par une carte de préconisation. « Pour que l’agriculteur utilise la fonction de modulation que nous appelons TC-Geo chez Monosem, l’ordinateur du semoir a seulement besoin de l’activation d’une licence qui coûte un peu moins de 1 000 euros et qui peut servir pour d’autres outils de l’exploitation », souligne Nicolas Levillain, chargé de la formation technique et commerciale. Cette activation s’effectue sur le terminal intégré du tracteur au format Isobus pour avoir une géolocalisation, ou sur un des trois terminaux de Monosem – Touch Mini, Touch et Touch Pro. « Dans les faits, la moitié de nos clients opte pour la présence de deux terminaux dans la cabine du tracteur, poursuit Nicolas Levillain. Celui du tractoriste ou un logiciel de guidage et, à côté, un Monosem dédié au semoir. Cela entraîne un surcoût mais ça rassure. Au cas où le tracteur ne serait pas Isobus, nous pouvons y installer le faisceau ». D’un autre côté, rien ne s’oppose, sous réserve d’une bonne préparation, à ce que le terminal Isobus intégré du tracteur prenne seul en charge les fonctions du semoir. « Mais il faut anticiper certaines opérations », affirme Nicolas Levillain. Ainsi, il revient au distributeur de vérifier plusieurs paramètres et dispositifs sur le couple tracteur-semoir, comme la préparation du cablage. « Notre certification AEF nous conduit à utiliser des équipements de marques différentes au cours de nombreux essais, et à maîtriser les questions de compatibilité entre matériels », complète Nicolas Levillain, dont le service assure chaque année la formation aux fonctions des semoirs et de l’Isobus d’une centaine de techniciens de la distribution des machines.

Rang par rang

Chez le concurrent Kuhn, autre grand constructeur français, la réponse aux questions que l’on peut se poser sur la modulation de dose est pédagogique. « Pour nous et nos machines, il s’agit d’adapter dans une parcelle la population de graines par hectare à la capacité de réponse du sol. C’est lui qui dicte ce que l’on peut faire parce qu’il détient le potentiel de rendement », estime David Hild, responsable des produits monograines. Pour lui, « la modulation est une adaptation à la sous-parcelle dont la productivité est moindre, par opposition à la parcelle de base qui exprime le potentiel moyen ou lissé sur plusieurs années de récolte. Par exemple, sur une terre à semer, une bande argileuse de 40 m de large présentera à coup sûr un potentiel différent ». La modulation débute avec l’acquisition d’une carte de préconisation. « Elle coûte autour de 50 euros par hectare et s’utilise sur plusieurs campagnes », détaille David Hild, qui déconseille de la faire soi-même. Il y a des agriculteurs qui disent « je connais mes terres. Jamais je ne mettrai plus de graines à cet endroit ». Je leur réponds que ça ne marche pas ! ». Sur la machine, grâce à cette carte et au terminal Isobus – CCI 800 ou 1200 de Kuhn –, le message reçu détermine la variation de la vitesse de rotation du moteur électrique de chaque élément semeur. « C’est une modulation de dose rang par rang, explique David Hild. Autrement dit, un semoir de douze rangs se comporte comme s’il y avait douze machines d’un rang dans la parcelle. » Le Maxima 3 électrique du constructeur module le nombre de graines à semer en fonction de la carte chargée sur le terminal. La densité de la semence varie selon la qualité du sol sur lequel passe le semoir. S’il se trouve en même temps sur deux zones à la texture différente, chaque rang respecte les consignes de semis de la carte de préconisation. Le Kosma, dernier-né des semoirs de précision de Kuhn, 20 % plus léger que le Maxima sur six rangs télescopiques et destiné aux agriculteurs qui préparent finement leur terre, procède de la même manière. À ceci près qu’il se déplace moins vite et répond, selon le constructeur, aux problématiques des betteraviers. À condition de les convaincre d’adopter la modulation de dose. Ce qui, a priori, n’est pas gagné. « La maîtrise de l’implantation de semence selon la nature du sol permet de capitaliser sur les zones à fort potentiel et de limiter le peuplement là où il est faible », ajoute David Hild avant de citer des essais de Limagrain : « sur le maïs, ils ont montré des gains de rendement jusqu’à 8 % ».