La courbe de rendement n’arrive pas à décoller au-dessus des 61,5 t/ha à 16°S. Un chiffre inférieur de 27 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Au fur et à mesure que les arrachages se poursuivent – ils étaient réalisés aux trois quarts mi-novembre -, on découvre les ravages causés par les fortes attaques de jaunisse combinées à la sécheresse estivale. Les rendements sont catastrophiques, pires que ce que l’on envisageait en début de campagne : on parlait à l’époque de 72 t/ha à 16°S. C’est du jamais vu. Habituellement, les rendements et la richesse en sucre progressent au cours du mois d’octobre et jusqu’à fin novembre. L’ITB avance une explication : les feuilles sont tellement atteintes que la photosynthèse ne se fait plus. Et l’on découvre de plus en plus de champs au feuillage vert qui semblent finalement atteints par la jaunisse, comme dans le Pas-de-Calais, un département qui semblait relativement épargné.

Les rendements sont très hétérogènes et reflètent la carte des attaques de jaunisse régulièrement mise à jour au cours de l’été par l’interprofession (AIBS). Les résultats vont de 30 t/ha à 16°S à Souppes-sur-Loing (Seine-et-Marne) à 88 t/ha à Fontaine-le-Dun (Seine-Maritime). La sucrerie normande est la seule à atteindre sa moyenne de rendement quinquennale ! Les betteraves non irriguées en sud Seine-et-Marne plafonnent même à 15 t/ha à 16°S !

La richesse en sucre continue sa descente à 17,2 °S mi-novembre. Les richesses moyennes sont très faibles: au-dessous de 16 °S dans certaines usines au sud de Paris.

Petite campagne de 94 jours

La campagne va donc se terminer plus tôt que prévu, faute de betteraves à travailler. La sucrerie de Nangis (Seine-et-Marne) a terminé sa campagne le 18 novembre, suivie de près par Artenay (Loiret) et Souppes- sur-Loing, prévue pour la fin du mois. La durée moyenne de la campagne est estimée à 94 jours, contre 118 jours l’année dernière et 138 en 2017 !

« Les arrachages se poursuivent dans d’assez bonnes conditions quasiment partout, sauf toujours pour les secteurs côtiers du Nord Pas-de-Calais », constate Jean-Louis Sreiebig du département technique de la CGB. Il note aussi des arrachages déjà réalisés afin de favoriser des semis de blé, pour des dates de mise à disposition prévues pour mi-janvier, ce qui fait craindre des problèmes de conservation des betteraves. La tare terre se stabilise à 10,8 % sur net lavé. Ce chiffre est peut-être le seul à être conforme à une année normale.