Décidément, le dossier néonicotinoïdes joue sur les nerfs des betteraviers. Après l’euphorie du vote de la loi, le 4 novembre dernier, on découvre les contraintes de rotation dans le projet d’arrêté mis en ligne le 4 janvier par le ministère de l’Agriculture.

Depuis, le doute et l’inquiétude reviennent chez les planteurs de betteraves. L’usage des néonicotinoïdes pourrait être assorti de contraintes d’assolement plus contraignantes que ce qu’ils espéraient.

Après une culture de betteraves sucrières en 2021, dont les semences ont été traitées avec de l’imidaclopride ou du thiamethoxame, on ne pourrait donc semer du maïs et des pommes de terre qu’à partir de l’année 2023 ; et du colza et du lin fibre qu’à partir de 2024.

Un projet d’arrêté très contraignant

Le colza à N+3 est la contrainte la plus importante en région Centre. En Alsace, c’est le maïs en N+2. Pour le Nord-Pas-de-Calais et la Somme, c’est avant tout la pomme de terre qui pose le plus de problèmes. Et en Normandie, il faut ajouter le lin.

« Ce qui perturbe les planteurs, c’est qu’habituellement les assolements se font annuellement mais dans ce cas, ils vont devoir se projeter pour les trois prochains assolements, ce qui n’est pas un exercice facile compte tenu de l’incertitude des marchés », estime Vincent Delannoy, délégué de l’ITB dans le Nord Pas-de-Calais.

Depuis quelques jours, les commentaires fleurissent sur les réseaux sociaux. Les planteurs fustigent des contraintes difficilement surmontables, qu’ils jugent néfastes pour la diversité des assolements et contraires à l’objectif de maintien des surfaces betteravières. Le comble est que les modifications des rotations dans les régions betteravières se feraient au détriment du bol alimentaire pour les pollinisateurs avec une baisse potentielle des surfaces de cultures mellifères, repoussées 3 ans après betteraves pour une floraison qui interviendrait alors 4 ans après !

Le projet d’arrêté peut-il encore être aménagé ? En tout cas, il est en consultation publique jusqu’au 25 janvier. Si les planteurs veulent faire entendre leur voix, ils peuvent le faire en allant sur le site du ministère de l’Agriculture ici.

Sait-on jamais, il y a peut-être une chance de pouvoir alléger les contraintes du projet actuel…