Si, pendant des dizaines d’années, la betterave améliorait le revenu des planteurs de l’Aisne, actuellement, elle plombe les résultats. Ceux-ci sont inférieurs aux résultats moyens des polyculteurs ou même des éleveurs. Les résultats économiques des fermes betteravières de l’Aisne ne cessent de s’éroder depuis 4 ans, constate le centre de gestion Cerfrance Champagne Nord-Est Île-de-France.

Dans une ferme type betteravière (voir graphique 1), le résultat moyen atteint 30 €/ha en 2020. En revanche, les céréaliers de l’Aisne (145 ha, dont 60 % de céréales et 15 % oléagineux) s’en sortent mieux, avec un résultat moyen de 98 €/ha et un excédent brut d’exploitation (EBE) de 362 €/ha (respectivement 149 €/ha et 403 €/ha en 2019). Les éleveurs de viande (125 ha et 63 vaches allaitantes) gardent un résultat stable de 90 €/ha, avec un EBE de 378 €/ha.

Chute du produit/ha

Ces mauvais résultats des systèmes betteraviers s’expliquent par la baisse du produit hectare de 1903 €/ha en 2019 à 1724 € en 2020. Le climat chaotique avec beaucoup de pluie à l’automne, suivi d’une sécheresse printanière, a engendré des rendements moyens décevants. Le blé perd 5 % par rapport à la moyenne cinq ans (8,5 t/ha), avec de grandes hétérogénéités, selon la présence d’orages (90 qx/ha au nord du département contre 70 qx dans le sud). Cette hétérogénéité se retrouve en colza, 33 qx/ha en moyenne (36 qx au nord et 30 qx au sud) et en betteraves. De plus, il faut ajouter l’impact de la jaunisse. Cerfrance a estimé un rendement moyen de 77 t/ha, contre 85 t/ha en moyenne. Mais certains agriculteurs accusent des baisses de 40 % de rendement.

Pour réaliser ses projections, le centre de gestion évalue les prix de vente à 160 €/t pour le blé, 140 pour l’orge, 24,4 €/t pour les betteraves et 375 €/t en colza.

L’évolution des charges est contrastée, avec des baisses en produits phytosanitaires (-10 %, avec une pression maladie faible), en carburant (-15%) et en engrais (-6%). Les cotisations sociales, suite à la sortie de l’année 2016, augmentent de 17 à 66 % et les amortissements de 5 %. Les salaires gagnent 1,2 % et le foncier 0,55 %.

Vu les baisses de produits, l’EBE des systèmes betteraviers chute de 34 % à 294 €/ha, mais cette moyenne cache de grandes disparités (voir graphique 2). Les agriculteurs qui ont des rendements de 7,5 t/ha et 50 t en betteraves, comme beaucoup dans la région de Bucy, enregistrent des résultats négatifs de 119 €/ha et un EBE de 146 €. Au contraire, dans le nord du département, avec des rendements majorés proches de 9,5 t/ha en blé et 75 t en betteraves, les betteraviers arrivent à maintenir le même résultat que la campagne passée (184 €/ha et un EBE de 449 €/ha). Les agriculteurs axonnais ne sont donc pas tous logés à la même enseigne, puisque les variations d’EBE atteignent 303 €/ha. En betteraves, 5 tonnes récoltées en plus rapportent 30 €/ha de résultat supplémentaire, soit 4 800 € par exploitation des systèmes betteraviers.

Les impacts sont considérables sur la trésorerie (voir graphique 3). Des difficultés s’annoncent pour certaines exploitations qui avaient déjà du mal à se remettre de l’année 2016. Un accompagnement sera nécessaire pour trouver des solutions, avertit le centre de gestion.