Verse, coups de vents, déficit d’eau dès le mois de juin : la météo n’a pas épargné les maïs en 2020. Une fois de plus, plusieurs régions enregistrent une forte variabilité des rendements : Centre, Lorraine, Hauts-de-France et Haute Normandie. Du nord-ouest et sur la bordure maritime, les cultures ont un peu moins souffert, bénéficiant du retour des pluies début août. Reste que le maïs en sec affichait souvent un déficit en grain dans l’est et le centre.

Semis précoces avantagés

Dans ce contexte, les semis d’avril s’en tirent souvent mieux. Les maïs implantés avant le mois de mai ont bénéficié l’an dernier de bonnes conditions d’enracinement en début de cycle. « Choisir des variétés plus précoces peut avancer les stades de développement les plus sensibles », estiment les spécialistes de l’Association Générale des Producteurs de Maïs (AGPM). Cette stratégie impose de renoncer à un rendement supérieur avec des variétés plus tardives. En contrepartie, les variétés précoces sont de plus en plus productives. Dans le choix variétal, la campagne 2020 démontre ainsi une fois de plus l’intérêt des hybrides à bonne vigueur de départ. Ce critère contribue à limiter les dégâts de corbeaux et de ravageurs, contre lesquels les solutions de lutte se restreignent. La tolérance variétale au stress hydrique s’impose aussi comme un critère, en particulier pour les zones les plus exposées à la sécheresse estivale. Dans le choix, les résultats pluriannuels pèsent également autant, car les années climatiques ne sont jamais semblables. Le changement de climat ne freine cependant pas la progression du potentiel des nouveaux hybrides. Car leur profil s’adapte. « Les variétés modernes fleurissent plus tard que les variétés anciennes. Leur système foliaire intercepte davantage de lumière au moment de la floraison, et le nombre de grains mis en place et développés jusqu’à maturité est augmenté. Cette floraison plus tardive est compensée par un dessèchement du grain plus rapide », concluent les chercheurs du programme Amaizing, qui pilote les filières de sélection. Et c’est une bonne nouvelle : les rendements du maïs progressent à la même vitesse en conditions optimales qu’en condition de sécheresse ou en années chaudes, autour de +0,35 q/ha/an. La génétique reste un pilier central pour optimiser la levée.

Réduction de la panoplie TS

En parallèle, la liste des protections de semences autorisées diminue encore en 2021. Face aux fontes de semis, les fongicides Feuver et Redigo M restent autorisés, alors que l’Influx XL et Quatro ont un usage autorisé seulement jusqu’au 31 mai 2021. Sur le charbon des inflorescences, Feuver et Alios présentent une bonne efficacité. Contre les ravageurs, la panoplie se réduit. Le thirame, principale matière active à action corvifuge, a été retiré du marché en 2020. Le Korit, toujours autorisé, présente un effet limité sur les corvidés. Et pourtant, les corbeaux et choucas se hissent au premier rang de la nuisibilité à la levée du maïs en 2020. Contre les taupins, on peut toujours utiliser le Force 20CS, qui permet une protection partielle mais insuffisante, tout en apportant des effets secondaires sur les mouches des semis. La lutte contre le nouveau ravageur qu’est la chrysomèle est un autre défi. En effet, les dégâts commencent à se manifester. Une parcelle sur 3 dépasse plus de 500 captures, en 2020, en Alsace. En Bourgogne-Franche-Comté, 117 insectes ont été capturés sur 15 des 29 sites de surveillance et les piégeages en Seine-et-Marne totalisent plus de 500 chrysomèles. La protection insecticide sur ce ravageur adulte affiche une efficacité variant de 50 % avec le Force 1.5G à 30 % pour les autres solutions Karaté 0.4GR et Force 20CS. Parallèlement à la lutte, l’itinéraire technique peut limiter la nuisibilité des larves de chrysomèle. Toutes les mesures favorisant la croissance des racines seront bénéfiques : préparation du sol soignée, semis précoce et apport d’engrais starter.

Biostimulation en question

La levée peut-elle être optimisée par l’application de biostimulants ? La question reste en suspens. Huit biostimulants appliqués sur la semence de maïs ont été testés par Arvalis en 2019 et 2020. Les formulations correspondent aux substances disponibles : bactéries, extraits d’algues, extraits ligno-cellulosiques, lignosulfonates, oligo-éléments, biofongicides. Les essais ont été conduits dans différentes régions, en Bretagne et en Picardie sur maïs fourrage, et en Alsace sur maïs grain, dans des conditions de culture parfois difficiles au démarrage. Deux témoins ont été mis en comparaison : un traitement de semence fongicide seul ou associé à un engrais starter (phosphate d’ammonium) au semis. Les résultats n’indiquent pas d’écart significatif avec les biostimulants ni lors des premiers stades, ni au final sur le rendement. En revanche, les semis ayant reçu un engrais starter affichent une vigueur meilleure (+ 1 point) et une précocité de floraison (- 2,5 jours). Des essais seront poursuivis en 2021 pour vérifier ces résultats. En attendant, l’engrais starter demeure un atout pour assurer la levée.