Après une campagne record pour les viroses et, en particulier, pour la Jaunisse nanisante de l’orge (JNO), le contexte incite à la prudence. « L’an dernier, les jaunissements étaient souvent liés aux conditions de stress, parfois combinées à la virose. Toutefois, l’orge de printemps est en général beaucoup moins exposée à la JNO que l’orge d’hiver, les plantes devenant moins sensibles aux pucerons en fin tallage », fait observer Nathalie Robin, ingénieur chez Arvalis.

La JNO en question

La génétique devrait générer des variétés mieux armées. « Nous avons déposé à l’inscription du catalogue France une lignée brassicole tolérante JNO », signale Florent Cornut, responsable du développement chez Secobra. Pour les semenciers, c’est un axe majeur de sélection. En attendant l’arrivée des variétés tolérantes, la surveillance reste indispensable dès la levée, et jusqu’au stade épi 1 cm, par comptage de pucerons. L’observation est plus facile aux heures chaudes, favorables à l’activité du ravageur. Le seuil de traitement est atteint quand les pucerons sont dénombrés sur plus de 10 % de plantes ou plus de 10 jours consécutifs. Si le traitement s’impose, les insecticides à base de pyréthrinoïdes restent les seuls produits autorisés. « Nous appliquons les mêmes recommandations sur les orges de printemps et d’hiver. Dans des conditions optimales d’application, la différence d’efficacité entre les substances actives de la famille des pyréthrinoïdes (lambda-cyhalothrine, cyperméthrine, tau-fluvalinate, esfenvalerate…) est le plus souvent marginale », estime Nathalie Robin. Par mesure de précaution face au risque de résistance, le conseil ne change pas : « diversifier autant que possible les spécialités en fonction de la sous-famille des pyréthrinoïdes à laquelle la substance appartient ».

Maladies, toujours à surveiller

D’autres attaques parasitaires peuvent impacter la récolte. La rhynchosporiose et l’oïdium se manifestent en début de cycle. La rouille naine et la ramulariose arrivent plus tardivement. Pour les orges semées au printemps, l’impact de la rhynchosporiose reste limité, car la sélection a apporté un niveau de résistance assez élevé sur plusieurs variétés : RGT Planet, Lauréate. Les orges KWS Fantex et Focus présentent aussi une bonne tolérance, alors que Fandaga est moyennement sensible. Ce classement définit la stratégie de protection : « pour les variétés sensibles aux maladies telles que Sebastian et Explorer, deux traitements, dont un précoce efficace sur rhynchosporiose et oïdium, sont généralement valorisés. Plus spécifiquement vis-à-vis de la rhynchosporiose, il faudra envisager un premier traitement sur KWS Irina, Sangria, LG Tosca, KWS Jessie ainsi que sur les nouveautés Valerian et Yoda si la maladie est présente tôt. À l’inverse, un traitement unique au stade dernière feuille étalée est suffisant pour les autres variétés », selon Arvalis.

Face à la rouille naine, les variétés KWS Fantex et RGT Planet sont assez sensibles, ainsi que LG Tosca, Amidala et LG Belcanto. Focus est moyennement sensible, ainsi que « SY Cristallin, Valerian et Yoda, alors que Leïa se montre tolérante à la rouille naine. Face à l’oïdium, les variétés les plus cultivées, RGT Planet et KWS Fantex, ont un bon comportement. En revanche, Explorer et Sebastian sont les plus sensibles à l’oïdium ».

Le comportement des variétés vis-à-vis de la verse peut être aussi assez variable. RGT Planet, Fandaga ou Lauréate se classent comme moyennement sensibles à la verse. KWS Irina, KWS Fantex, Sangri, Liberta, KWS Jessie sont les plus résistantes à la verse.

Teneur en protéines contenue

Les valeurs enregistrées depuis dix ans montrent que le groupe des variétés à faible teneur comprend RGT Planet, KWS Jessie, KWS Christie, LG Belcanto, Yoda, LG Tosca. En moyenne, leur taux de protéines se situe autour de 10 % dans le réseau de post-inscription. Un groupe intermédiaire de variétés se situe entre 10 et 10,5 % en valeur pluriannuelle : KWS Fantex, Valerian, Focus, Leia, Sangria, Lauréate… Sur plusieurs années, les variétés Explorer et Sebastian affichent les teneurs les plus élevés en protéines.
Quelle que soit la variété, le pilotage de l’azote reste essentiel pour maintenir un taux de protéines à 10,5 % maximum, recherché par la filière brassicole. Le fractionnement des apports est conseillé dans les sols superficiels, les sols de craie, les sols froids et pour les semis précoces. Les deux apports s’appliquent en cas de faible reliquat d’azote sortie hiver faible. Le pilotage de l’azote avec le N-Tester indique si la culture est sous-alimentée ou non en azote. Il permet de calculer la dose complémentaire nécessaire, et aussi d’éviter une teneur de protéines trop haute ou trop basse.

VARIÉTÉS PRÉFÉRÉES POUR LES SEMIS 2021

Fandaga, KWS Fantex, KWS Irina, RGT Planet
Lauréate, Prestige, Sebastian, Sunshine
Explorer, Focus, Sangria (usage limité)

VARIÉTÉS NOUVELLES EN OBSERVATION

Liberta

LG Tosca, SY Cristallin

VARIÉTÉS ADMISES EN VALIDATION TECHNOLOGIQUE

Amidala, LG Belcanto, Valerian, Yoda