Les néonicotinoïdes en 2021 et leurs contraintes

La dérogation accordée par le ministère sur les néonicotinoïdes permet l’utilisation des produits Cruiser SB (à base de thiaméthoxame) et Gaucho 600 FS (à base d’imidaclopride) à 75 % de la dose AMM (Autorisation de Mise sur le Marché), tous deux complétés par de la téfluthrine. Ces traitements permettront de lutter efficacement contre les jaunisses virales (voir encadré, colonne de droite) et plus généralement contre le parasitisme souterrain et aérien.

Mais cette dérogation de 120 jours s’accompagne de contraintes sur les successions culturales. Par exemple, le maïs* ou la pomme de terre ne doit être cultivé que l’année N+2 après une betterave dont les semences auront été traitées à base d’un produit néonicotinoïdes. Le colza* ne pourra lui être récolté qu’en année N+3 (pour les autres cultures, voir le tableau ci-dessous). De plus, il ne sera pas possible de cultiver deux fois des betteraves dont les semences auront été traitées avec des néonicotinoïdes dans la même parcelle, lors des prochaines années ou lors d’un éventuel re-semis. Il convient donc à chaque agriculteur de déterminer si ces conditions sont compatibles avec la rotation prévue dans la parcelle ciblée.

La demande de dérogation pour ces produits devra être re-déposée par la filière chaque année, et ne sera possible que jusqu’en 2023.

La culture de la betterave sans néonicotinoïdes

Si les successions culturales sont trop contraignantes pour la rotation, il reste possible de protéger la culture contre les ravageurs du sol avec un traitement de semences Force 8 ou un traitement de semences standard complété par des microgranulés Force 1,5 G. La téfluthrine des deux produits Force 8 ou Force 1,5 G est efficace contre les ravageurs souterrains, mais ne protège pas la plante contre les ravageurs aériens et contre les pucerons en particulier.

Dans ce cas, la lutte contre les pucerons verts devra donc s’effectuer en végétation. Pour ce faire, l’ITB conseille le Teppeki (flonicamide) et le Movento (spirotétramat)*. Les produits Karate K et Mavrik Jet sont en revanche déconseillés par l’ITB en raison de phénomènes de résistance avérée des pucerons verts.

Afin d’aider les agriculteurs à positionner les traitements aphicides, l’OAD « Alerte pucerons » permet d’informer les agriculteurs en temps réel. Il est disponible sur itbfr.org dans la rubrique « Outils et services ».

*Pour ces deux cultures (colza et maïs), la mise en œuvre de mesures d’atténuation et de compensation pourrait permettre d’anticiper d’une campagne, leurs semis, leurs plantation ou leurs replantation, par rapport au calendrier présenté ici. Cette autorisation ne deviendrait effective qu’après avoir obtenu un avis favorable de l’ANSES au cours de cette année. Pour en savoir plus : itbfr.org

**Sous réserve de l’obtention d’une dérogation 120 jours en 2021 – Demande renouvelée en 2021.

Efficacité des néonicotinoïdes avec des doses réduites

Les trois essais ci-dessous montrent que les doses réduites de néonicotinoïdes en traitements de semences permettent de lutter efficacement contre les jaunisses virales.

Des essais ITB de 1994 (figure 1) montrent que le pourcentage de betteraves touchées par la jaunisse à la récolte est de 56 %, dans la modalité témoin sans traitement de semences néonicotinoïdes. Ce pourcentage n’est plus que d’environ 5 % dans les modalités traitées avec de l’imidaclopride, que ce soit à la dose AMM ou avec une réduction de dose de 33 %.

Un essai ITB mené en 1999 confirme que les modalités avec du thiaméthoxame (dose AMM et dose réduite de 25 %) en traitements de semences n’ont pas été touchées par la jaunisse (2 % maximum). Seule la modalité sans néonicotinoïdes a été touchée par la maladie (à environ 40 %).