De nombreuses plantes issues d’une vingtaine de familles botaniques sont hôtes d’au moins un des virus de jaunisse de la betterave. Le tableau ci-dessous répertorie une sélection de ces plantes, les plus fréquemment présentes dans le bassin de production de betteraves sucrières.

Quatre virus sont responsables de jaunisses de la betterave en France : le BYV, responsable de la jaunisse grave, le BChV et le BMYV, les polérovirus responsables de la jaunisse modérée et le BtMV, responsable de la mosaïque de la betterave.

Adventices

Les chénopodes et le mouron blanc hébergent les trois familles de virus au laboratoire. Sur le terrain, l’ITB a détecté la présence de BYV dans deux prélèvements de chénopodes. Les polérovirus (BChV et BMYV) ont une gamme d’hôtes plus large que le BYV : le plantain lancéolé, les pensées, la bourse-à-pasteur, le lamier pourpre ou la fumeterre peuvent notamment être cités. Le virus dont la gamme d’hôte est la moins bien connue reste le BtMV.

Espèces d’interculture

Des plantes utilisées en interculture, et donc détruites avant le semis des betteraves, sont également hôtes de virus de jaunisse. Les échantillonnages menés par l’ITB montrent par exemple que la phacélie accueille les trois familles de virus. L’ITB a également détecté la présence de BtMV et de polérovirus dans des radis et de la moutarde (notés crucifères d’interculture dans le tableau). Il n’a pas été possible de déterminer si les polérovirus détectés dans les crucifères d’interculture étaient des virus responsables de la jaunisse modérée ou du TuYV. Enfin, le BYV a été trouvé dans des échantillons de moutarde.

Reconstruire la chaîne d’alimentation du puceron

Afin de déterminer quels réservoirs viraux ont le plus d’incidence sur les épidémies de jaunisse, des chercheurs de l’Inrae travaillent sur l’identification des plantes réservoirs qui ont une réelle influence sur la contamination des parcelles de betterave, lors des premiers vols de pucerons Mysus persicae au printemps. L’objectif final est d’identifier les plantes sources de pucerons virulifères et d’évaluer la capacité migratrice de Mysus persicae.

Les chercheurs utiliseront des outils moléculaires pour analyser le contenu stomacal des pucerons vecteurs, afin de dépister des traces de génomes de plantes sur lesquelles le puceron est allé se nourrir avant de venir sur les betteraves. Ces données seront également mises en relation avec la présence, ou non, de virus dans les insectes.

Les mêmes outils moléculaires seront utilisés pour différencier les populations de pucerons ailés. En effet, selon des travaux de recherche récents, bien que Mysus persicae soit une espèce capable de vivre sur de nombreuses espèces de plantes, des populations différenciées de cette espèce ayant chacune des préférences dans le choix de leurs hôtes coexistent, mais se mélangent assez peu.

Ces nouvelles connaissances permettront de restreindre la gamme de réservoirs de virus, et d’adapter les stratégies de prévention et de lutte.