Malgré la crise sanitaire et les mauvaises récoltes de l’été passé, 2020 n’a pas été l’annus horribilis un temps envisagée pour le secteur des agroéquipements. Les conséquences de la pandémie de Covid-19, qui ont été sensibles au premier semestre, se sont surtout fait sentir au niveau de la production française d’agroéquipements, a expliqué le syndicat Axema le 27 mai. Après avoir été interrompue entre trois et cinq semaines lors du premier confinement du printemps 2020, elle a finalement diminué de 3,5 % sur l’ensemble de l’année. Les échanges extérieurs ont également été impactés, puisque les exportations et importations de matériel agricole ont reculé de 8 % par rapport à leur niveau de 2019.

En revanche, la reprise de l’activité à partir des mois d’avril et de mai 2020 a été forte et s’est poursuivie jusqu’à la fin de l’année.

Au niveau du marché, les ventes de matériels neuf réalisées par les fabricants et importateurs sont restées stables, à 6,075 milliards d’euros, soit un niveau proche de celui de 2019 (6,1 mds€), année jugée « exceptionnelle » par Axema. Les situations ont été contrastées selon les familles de produits : le marché des tracteurs (qui représente 25 % à 30 % des ventes de matériel neuf) s’est maintenu à son niveau de 2019. Certaines familles de produits ont enregistré des croissances significatives entre 2 et 10 %, à l’image de l’outillage espaces verts, des chariots télescopiques ou encore des serres.

Risques d’arrêt des usines

L’année 2021 semble bien orientée estime Axema, avec une prévision de marché en hausse de +5 à +7 %, à 6,44 mds€. Mais la dynamique pourrait se retrouver compromise à cause de l’inflation des coûts de production et surtout de l’indisponibilité de nombreuses pièces. Face à une demande vigoureuse, en France comme dans le reste de l’Europe, la capacité à produire et à livrer dans des conditions optimales se voit totalement compromise, regrette Axema. « Des difficultés d’approvisionnement entraînent un risque d’arrêt de la production dans certaines usines », a alerté Jean-Christophe Régnier, le président de la commission économique d’Axema.

Selon un récent sondage effectué par Axema auprès de ses membres industriels, les risques liés à la situation des matières premières industrielles s’aggravent : 94 % des entreprises rencontrent des difficultés d’approvisionnement, 75 % d’entre elles sont confrontées à une pénurie d’approvisionnement en particulier de l’acier et de composants électroniques et hydrauliques. Enfin, 13 % estiment inéluctable l’arrêt temporaire de certaines chaînes de production.

Par ailleurs, l’augmentation des coûts de production (matières premières industrielles, énergie, transport) place les industriels face au risque d’une baisse substantielle de leurs marges, selon le syndicat. Le prix de l’acier, qui représente 30 % à 40 % du coût de fabrication moyen du matériel agricole, a ainsi plus que doublé en un an, passant de 550 € / tonne à 1 250 €/t.

« Le secteur industriel des agroéquipements est déjà l’un des moins rentables de l’industrie française avec un taux de résultat net de 2 %, contre 6 % pour l’ensemble de l’industrie manufacturière » a rappelé Frédéric Martin, le président d’Axema.