L’arrêté autorisant provisoirement l’emploi de néonicotinoïdes (NNI) en 2021 indique qu’il faut « limiter l’implantation des cultures intermédiaires après la culture suivante à des cultures peu attractives pour les abeilles et les autres pollinisateurs, conformément à l’annexe 2, ou éviter les floraisons, ou recourir à une destruction avant floraison ». Les principales espèces de l’annexe 2 susceptibles d’être employées comme couverts d’interculture sont listées dans le tableau 1.

La campagne culturale se définit de manière générique « de la récolte du précédent (année n-1) à la récolte de la campagne en cours (année n) ».
À partir de l’été 2023, selon l’annexe 2, il n’y a plus de contraintes sur le choix des couverts, dès lors que les dernières betteraves avec NNI ont été semées en 2021.

Les solutions techniques envisageables

Pour les intercultures précédentes, il est possible d’implanter des couverts contraints par l’annexe 2 (cultures fourragères mellifères, moutarde etc.) uniquement si la floraison est évitée, ou que le couvert est détruit avant celle-ci. Cependant, cette option se confronte au cadre réglementaire des programmes d’actions régionaux pour les nitrates. Pour la plupart des régions betteravières, le couvert doit au moins être présent deux mois, et sa destruction ne doit pas être réalisée avant le 1er novembre (consignes pouvant varier selon les programmes). En cas de floraison inopinée du couvert, il convient de prendre contact avec la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM) pour demander une autorisation de destruction avant la limite réglementaire.

Pour éviter la floraison des couverts, deux solutions sont possibles : le choix d’espèces ou de variétés tardives et, dans les situations où cela est possible, le retardement de la date de semis.

Pour les moutardes nématicides les plus tardives, dans les essais conduits par l’ITB, les floraisons ont débuté (< 3 % de plantes fleuries) au plus tôt autour des 1000 degrés jours (°.j), et autour de 700-800 °.j pour les variétés précoces. Pour les radis nématicides, les floraisons (< 3 %) ont débuté au-delà de 1200 °.j, à l’exception des variétés les plus précoces (Arena, Litinia). Le tableau 2 indique, pour quelques stations, les sommes de degrés jours selon différentes durées de mises en place des couverts. Le déclenchement des floraisons n’étant pas uniquement lié à la somme de degrés jour, il convient de conserver une marge de manœuvre dans le choix réalisé.

Dans tous les cas, les variétés de moutardes précoces ne seront pas adaptées. Pour des dates de semis autour du 10/09, avec une destruction autour du 10/11, des variétés tardives de moutarde peuvent permettre de respecter les contraintes liées à la réglementation. Pour des dates de semis plus précoces, le risque est plus élevé, et il est préférable de s’orienter vers un autre choix d’espèces. Dans les situations indiquées, les semis de radis sont adaptés : en revanche, sur des situations de semis plus précoces (début août), il convient de les éviter. Le choix peut bien entendu s’orienter vers d’autres espèces, avec une certaines tardivité, permettant, dans les situations indiquées, d’éviter la floraison. La prudence doit être aussi de mise sur les variétés, notamment de crucifères, présentes dans les mélanges.

Ce qu’il faut retenir

L’arrêté autorisant provisoirement l’emploi de NNI contraint le choix des couverts pour les deux intercultures suivant la récolte des betteraves.

Le choix peut se faire parmi des graminées et des cultures fourragères non mellifères, sans contrainte sur la conduite.

Il peut aussi se faire parmi des espèces contraintes par l’annexe 2 (cultures fourragères mellifères, moutarde etc.) : la floraison devra alors être évitée, tout en respectant le cadre réglementaire fixé par les programmes d’actions régionaux pour les nitrates. Le choix d’espèces tardives et le retardement de la date de semis sont deux leviers mobilisables. En cas de floraison inopinée du couvert, il convient de prendre contact avec la DDTM pour une destruction avant la limite réglementaire.