« L’objectif est de contrôler le travail et de mettre la pression sur la filière betterave-sucre pour qu’elle trouve une alternative aux néonicotinoïdes », a déclaré Grégory Besson-Moreau lors de sa visite au pôle du Griffon, le laboratoire de l’ITB. Le député (LREM) de l’Aube était venu en tant que président du conseil de surveillance du suivi et du contrôle de la recherche et de la mise en œuvre d’alternatives aux néonicotinoïdes.

« J’ai vu des champs d’expérimentation, une serre et un laboratoire. Ce sont de très belles installations qui méritent peut-être d’être encore agrandies, car le temps passe vite, et plus on cherche, plus on trouve ». Grégory Besson-Moreau estime en effet que la loi votée l’année dernière doit signifier la fin des néonicotinoïdes. « Nous avons mis 7 M€ d’argent public sur la recherche avec un effet de levier d’une vingtaine de millions, car notre objectif est : aucune interdiction sans solution ». Le temps presse, puisque l’interdiction totale des néonicotinoides est prévue en 2024.

Ghislain Malatesta, responsable du département expérimentation et expertise régionale de l’ITB, a donc présenté des parcelles de plantes de service utilisées pour repousser les pucerons ou attirer les auxiliaires. Les mini-parcelles du pôle du Griffon servent de vitrine aux expérimentations que l’on peut retrouver, à plus grande échelle, dans les fermes pilotes, où des solutions alternatives aux néonicotinoïdes sont testées pour contrôler les pucerons vecteurs de virus de la jaunisse.

Les membres du Conseil de Surveillance ont ensuite visité la serre où sont menées les expérimentations des produits de biocontrôle et des plantes semées avec des graminées inoculées de champignons endophytes. Les équipes de l’ITB ont également présenté les élevages de pucerons qui peuvent être virulifères ou non.

Trois types de virus

Le laboratoire effectue différents diagnostics viraux. L’ITB est en effet équipé d’un lecteur de plaques qui permet de quantifier les trois types de virus de la jaunisse : La jaunisse grave ou BYV, la jaunisse modérée due au virus BMYV et BChV, et la mosaïque, signature du virus BtMV. Ce lecteur à plaque utilise la technique de laboratoire Elisa, qui permet de détecter une réaction antigène-anticorps par la lecture de la densité optique. La valeur de la densité optique étant l’indicateur de la quantité de virus présente dans la plante. De jeunes feuilles sont d’abord prélevées puis broyées à l’aide d’un broyeur à bille dans des sachets filtrants. Le substrat est récupéré et mis dans une plaque comportant 96 échantillons.

Quant à la serre de 230 m², elle peut être scindée en deux compartiments pour permettre différents réglages d’hygrométrie, de température et d’éclairage. Plusieurs cycles de culture peuvent ainsi être réalisés en un an, de façon à accélérer la recherche de solutions. Dans le cadre du PNRI, 200 cages insect-proofs y sont installées pouvant contenir entre 5 et 10 betteraves selon le stade. Plusieurs types d’essais sont réalisés sous la serre, comme l’évaluation de la mortalité de pucerons en présence de graminées inoculées par des champignons endophytes, ou des tests de produits de biocontrôle. Les meilleurs candidats sélectionnés en 2021 – microorganismes, médiateurs chimiques, substances naturelles et stimulateurs de défense naturelle des plantes – pourront alors être testés chez les 53 planteurs constituant le réseau de fermes pilotes, dès l’année prochaine.

Qui est au conseil de surveillance du PNRI ?

Le conseil de surveillance est composé de 34 membres représentants des organisations professionnelles agricoles (betterave, apiculture…), des associations de protection de l’environnement, huit parlementaires (députés et sénateurs) et des représentants de différentes administrations (ministères chargés de l’environnement, de l’agriculture de la santé), le P.-D.G. de l’Inrae et de l’Anses.