Difficile de s’entendre sur les bilans mondiaux du sucre ! Ce dernier mois, plusieurs analystes ont dévoilé leurs bilans, et il n’est pas facile de s’y retrouver. Entre consommations incertaines liées à l’effet de la Covid, questionnements sur le potentiel de l’éthanol en Inde, réalité des surfaces thaïlandaises ou réel impact de la sécheresse au Brésil, la situation est bien peu claire… À retenir en tout cas : le déficit actuel semble partagé par tous, mais son ampleur reste à affiner !

Trois exemples. L’Organisation Internationale du Sucre (ISO) a publié, en juin, sa nouvelle estimation de bilan (sur une base Octobre/Septembre, en tonnes telles quelles). Elle estime le déficit actuel (2020-2021) à -3,1 Mt, du fait d’une consommation, sur 2020-2021, en hausse de 2,1 Mt par rapport à la campagne précédente. Plus récemment, l’analyste FoLicht table, lui, sur une consommation stable ; il estime ce déficit à – 4,1 Mt (valeur sucre brut) et considère que la campagne qui commencera en octobre 2021 sera à l’équilibre (+0,4 Mt) – alors que Sucden, qui minimise le déficit sur 2020-2021, voit la campagne 2021-2022 en déficit de près de 5 Mt ! Ces chiffres montrent bien les incertitudes, notamment sur les niveaux de consommation, crise Covid-19 oblige…

Si un tel flou empêche les analystes d’avoir une vision chiffrée du, ou des, déficits en cours, il n’empêche pas les cours du sucre de garder le cap, avec un sucre raffiné, sur l’échéance de décembre prochain, qui se maintient entre 450 et 460 $/t.

Il faut dire que chaque semaine qui passe confirme la tendance baissière de la récolte brésilienne. Les quatre premiers mois ont vu la récolte de 210 Mt de canne, contre 230 Mt l’an dernier à la même époque. La bonne tenue de l’éthanol brésilien, porté par un pétrole au plus haut depuis 2 ans et demi et par une monnaie locale qui reprend des couleurs, limite la production de sucre, qui s’annonce en baisse de 8 % par rapport à l’an dernier.

Dans ce contexte mondial, le déficit européen se fait de plus en plus sentir. Même si la valeur du sucre, contractualisée avant la campagne en cours, stagne toujours à 387 €/t en France sur le mois d’avril, le marché du spot continue sa progression et attire les importations : 409 €/t en provenance des pays ACP ce même mois !

D’ailleurs, même les importations au sein de contingents qui doivent payer des droits de douane commencent à être mis à contribution : en juin, c’est presque 15 000 tonnes de sucre qui ont été importées avec un droit de douane de 98 €/t, en plus des 78 000 t qui n’en paie que 11 €/t, saturées depuis belle lurette. Les volumes restent faibles, mais la tendance est à l’œuvre : il n’y a plus de sucre européen disponible !