Entre 2010 et 2020, Cristal Union a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 15 % et son énergie consommée de près de 10 % par tonne de betteraves transformées sur l’ensemble de ses huit usines en France. Pour atteindre ces objectifs, le groupe coopératif va augmenter sa production d’énergies renouvelables.
À la sucrerie de Fontaine-le-Dun, un méthaniseur a été construit en 2019 sur le site industriel pour traiter les eaux du process de la sucrerie. Le biogaz produit alimente une chaudière qui fournit 5 t/h de vapeur d’eau aux installations thermiques de l’usine. Mais Cristal Union veut aller plus loin dans la décarbonation pour répondre à la directive européenne, qui impose une neutralité carbone en 2050 avec une première étape en 2030. Son objectif : réduire de 35 % les émissions de CO2.
« Nous avons une activité industrielle qui consomme beaucoup d’énergie, du gaz notamment qui rejette des gaz à effet de serre. La direction industrielle de notre groupe a ainsi recherché des leviers pour décarboner notre production de sucre et, parmi ces leviers, il y a la méthanisation », explique Antoine Declercq, président du conseil de section de la sucrerie de Fontaine-le-Dun et vice-président du groupe coopératif sucrier Cristal Union.
Ce projet de méthanisation, sur le site de la sucrerie normande, est également justifié par l’augmentation importante des surfaces de betteraves sucrières depuis 2016 en Seine-Maritime. On est ainsi passé de 9 500 hectares cultivés cette année-là à 14 400 hectares en 2021, avec la perspective d’atteindre 17 500 hectares en 2023.

Plus de surfaces = plus de pulpe

La sucrerie de Fontaine-le-Dun a, en effet, lancé un appel aux planteurs et aux agriculteurs de Seine-Maritime pour augmenter les surfaces de 3 000 hectares pour les deux années à venir.
« Cela a été possible grâce à une politique d’investissement avec une 7e cuite, pour augmenter la capacité d’écrasement de la sucrerie, qui est passée de 9 500 à 11 000 t/j de betteraves en 5 ans », justifie Antoine Declercq. « Et qui dit augmentation des surfaces, dit augmentation de la production de pulpe », argue celui qui est agriculteur et planteur à Heugleville-sur-Scie, près de Tôtes. Cette pulpe supplémentaire va donc en partie servir à alimenter le méthaniseur de la sucrerie.
Les projets de méthanisation se développent de plus en plus et celui de la sucrerie de Fontaine-le-Dun vient s’ajouter aux huit autres projets actuellement menés par huit groupes d’agriculteurs à l’ouest du département, vers Le Havre.
Pour mener à bien son entreprise, le groupe Cristal Union s’est rapproché du groupe TotalEnergies Biogaz qui a repris Fonroche Biogaz (10 % de la méthanisation agricole en France).

100 000 tonnes d’apports organiques par an

Le méthaniseur va être construit sur un terrain de 4 hectares sur les hauteurs de la sucrerie, accolé à l’actuel centre de réception des betteraves à sucre, juste au-dessus de la cour à betteraves et à proximité de la déshydratation de pulpe, la Sidefo.
Le méthaniseur sera approvisionné avec des coproduits des betteraves à sucre et des résidus de productions agricoles selon trois grandes sources : la pulpe de betteraves à hauteur de 60 000 à 70 000 tonnes, du lisier d’élevages de bovins et de porcs et des déchets ultimes de l’usine Lunor (groupe NatUp) située à quelques kilomètres de la sucrerie de Fontaine-le-Dun, pour un total de 100 000 tonnes par an.
Toute la production de biogaz du méthaniseur sera injectée directement dans le réseau gaz de France GRDF, soit l’équivalent de la consommation de 35 000 foyers, ce qui contribuerait en partie aux besoins énergétiques de l’usine. Mais la sucrerie ne peut pas être directement alimentée à partir de l’unité de méthanisation car elle ne fonctionne que durant la campagne betteravière, alors que le méthaniseur produit du gaz en continu. En revanche, à Arcis-sur-Aube, où il y a également un projet de méthanisation, la distillerie qui fonctionne toute l’année pourra consommer le biogaz produit. Un contrat a été établi avec GRDF sur 15 ans, qui garantit un prix fixe du biogaz injecté sur le réseau national.

Un fertilisant sur 17 500 hectares et 200 communes

En ce qui concerne le digestat, dont la quantité est équivalente à celle servant au processus de méthanisation, soit 100 000 tonnes, il sera hygiénisé à 70 degrés pendant 1 heure, garantissant la destruction totale des mauvaises herbes et des bactéries pour être utilisé comme fertilisant par les exploitants agricoles dans un rayon de 35 km autour de la sucrerie sur 17 500 hectares et d’environ 200 communes. Ce sont Cristal Union et la coopérative NatUp qui vont gérer l’épandage des boues dans les champs, sous forme de rendu-racine (service d’épandage complet) avec l’enfouissement du digestat.
« C’est un projet collectif d’agriculteurs avec un retour dans les champs du digestat et une meilleure valorisation de la pulpe, et donc des betteraves en Seine-Maritime », conclut Antoine Declercq. Assurément, ce nouveau projet vient conforter toute la filière betteraves sucre dans le département. Premiers coups de pelle en 2022 pour une mise en route du méthaniseur en 2023. Épandage du premier digestat en 2024.