Une pression dans les parcelles sans NNI assez forte à partir de mi-mai

Une arrivée des pucerons plus tardive qu’en 2020

Les vols des premiers pucerons ont été plus tardifs en 2021 qu’en 2020 suite au mois d’avril particulièrement froid et à l’épisode de gel tardif. Mais le pic de chaleur du 8 au 11 mai, avec des températures au-dessus des normales saisonnières, a favorisé leur arrivée dans les parcelles betteravières.

Un développement rapide à partir de mi-mai

Dès le 17 mai, 33 % des sites suivis en 2021 ont atteint le seuil d’intervention, contre 17 % en 2019 et 87 % en 2020 (figure 1). Ce seuil d’intervention aphicide est atteint lorsque 10 % des plantes sont colonisées par au moins un puceron vert aptère.

A la couverture du sol, 70 % des sites de 2021 ont atteint le seuil d’intervention dans les parcelles sans traitement de semences insecticide, contre 38 % en 2019 et 92 % en 2020.

Une protection efficace dans les parcelles avec NNI

Des pucerons verts ailés ou aptères ont pu être observés ponctuellement dans les parcelles protégées par un traitement de semences insecticide à base de NNI. Un suivi de leur développement montre que leur présence diminue dès qu’ils ont piqué les betteraves. Des infestations ont également pu être observées une fois la rémanence du produit terminée, soit à partir de la fin mai pour les semis les plus précoces dans certaines régions où la pression était forte : le sud du Centre et de l’Île-de-France, l’Eure et le Val d’Oise. Les betteraves au-delà du stade 12 feuilles sont alors beaucoup moins sensibles aux virus ; c’est le phénomène de « résistance à maturité ».

2 types de parcelles suivies cette année : avec et sans NNI

Les pucerons verts aptères sont devenus un problème majeur depuis le retrait des NNI. En effet, ils transmettent différents virus responsables de la jaunisse, qui entraînent des pertes de rendement pouvant dépasser 50 %. L’obtention d’une dérogation en 2021 pour utiliser des traitements de semences à base de néonicotinoïdes a impacté le suivi des parcelles. Deux types de situations sont observées cette année :

  • 128 parcelles avec un traitement de semences insecticide
  • 141 parcelles sans traitement de semences insecticide, mais protégées en végétation par des aphicides en fonction du seuil d’intervention. Sur ces parcelles, les applications d’aphicides de mai ont pu être perturbées par la pluie. Elles ont néanmoins montré une bonne efficacité dans le contexte de pression de l’année.

Les observations réalisées dans ces parcelles ont permis d’alimenter chaque semaine les analyses du Bulletin de Santé du Végétal (BSV), ainsi que Alerte Pucerons, une carte interactive permettant de visualiser en temps réel les seuils d’intervention pour lutter contre les pucerons. Alerte Pucerons est outil gratuit disponible sur www.itbfr.org/outils/.

Les premières observations de jaunisse dès le 21 juin dans les parcelles sans NNI (figures 3 et 4)

Au 18 août, 70 % des sites sans NNi sont touchés par la jaunisse. En moyenne, la jaunisse affecte 13 % de la surface parcellaire et au maximum 100 % pour quelques parcelles dans le département d’Eure-et-Loir, le plus impacté en 2021. Ces parcelles ont pu être protégées en végétation avec jusqu’à trois interventions.

À ce jour, la jaunisse s’exprime surtout dans le sud du Centre et de l’Île-de-France, l’Eure, le Val d’Oise et dans quelques parcelles de l’Oise et de la Somme. Les symptômes peuvent apparaître tardivement depuis la mi-août.

Quelques parcelles avec NNI touchées par la jaunisse

À partir de début juillet, de la jaunisse a été observée dans quelques parcelles pourtant protégées avec des NNI. Cette situation, assez rare, concerne principalement la région Centre – Val de Loire.

Des questions soulevées par la pression jaunisse de cette année

La pression jaunisse est assez forte dans certaines régions comme le Centre, que ce soit avec ou sans NNI. Des analyses moléculaires sont en cours pour identifier les virus présents. Dans les départements d’Eure-et-Loir et du Loir-et-Cher, les plus fortement impactés, des enquêtes vont être conduites pour mieux comprendre les hétérogénéités entre parcelles : pratiques culturales, resemis suite au gel, vents dominants … L’environnement de la parcelle semble également expliquer certaines différences : proximité des zones de production de semences porte-graines, cultures voisines, présence de haies, de talus… Le projet ABC du Plan National de Recherche et Innovation (PNRI) est dédié à ce travail d’enquêtes et de diagnostics agronomiques.

Recherche : PNRI, le projet SEPIM

Le projet SEPIM (Surveillance, Évaluation, Prévision, Interpolation et Mitigation des risques relatifs à la jaunisse de la betterave) s’inscrit dans le PNRI et vise à exploiter au mieux le potentiel d’information issu des réseaux de surveillance. Il a pour but d’améliorer l’évaluation et la prévision des risques de pucerons et de jaunisse. Il implique de nombreuses équipes de recherche, en pointe sur la modélisation et la connaissance des pucerons.

Les processus et les facteurs de risques seront analysés, pour mieux prédire l’apparition des pucerons et l’intensité des vols. Ainsi, ce projet propose de développer de nouveaux outils, ou d’améliorer les Outils d’aide à la décision (OAD) existants dans le but d’intégrer les évaluations et prévisions des risques obtenues afin d’accroître l’efficacité des mesures curatives et/ou des stratégies prophylactiques.

L’ITB participe à ce projet qui est coordonné par l’INRAE, aux côtés de l’université de Picardie Jules Verne, de l’Université de Lorraine et de Météo France.

CE QU’IL FAUT RETENIR
  • Les pucerons sont arrivés plus tardivement en 2021, à partir du 7 mai
  • Ils se sont développés rapidement avec le retour de conditions climatiques plus chaudes.
  • Les résultats des analyses virologiques ainsi que des modélisations devraient permettre de mieux comprendre la pression de cette année, notamment en région Centre.