Intéressant pour sa production de paille supérieure au blé, le triticale a vu ses surfaces progresser en bio comme en traditionnel. Dans les Hauts-de-France, les chambres d’Agriculture testent les triticales en cultures à faibles intrants. L’an dernier, quatre variétés affichaient un potentiel régulier : Ramdam, Brehat, Jokari et Bikini. Trois autres triticales se comportent aussi assez bien : Elicsir, Vivier et RGT Omeac. Parmi les nouveautés, la variété RGT Suliac affiche aussi un bon comportement.

Un choix de variétés résistantes

Le choix de la variété met en jeu une série de critères. Dans les zones tardives du nord de la France, s’il n’est pas possible de semer tôt, il est préférable d’opter pour des variétés précoces, comme Bikini et RGT Omeac. Dans ces régions, le triticale se montre assez sensible à la germination sur pied : c’est aussi un élément de choix important à intégrer. La tolérance aux maladies s’inscrit comme un autre critère essentiel. En particulier, il est préférable d’éviter les variétés sensibles à la rouille jaune et dans une moindre mesure à l’oïdium. La plupart des triticales présentent une sensibilité à la verse. Le choix variété et les apports d’N fractionnés sont deux leviers pour limiter la verse, en appliquant une densité de semis de 15% inférieure à celle du blé. Dans les régions au nord de la Loire, les chambres d’agriculture ont testé les variétés cultivées en production bio et sans traitements. Trois premières variétés ressortent pour leur régularité d’un essai à l’autre : Ramdam, RGT Omeac et Brehat. Ensuite se classent des variétés Elicsir, Bikini et Vivier, dont le rendement est plus variable d’un site à l’autre.

En deuxième paille

En production bio, la chambre d’agriculture des Hauts-de-France a aussi comparé le triticale et le blé tendre, pour vérifier que le triticale apportait bien le meilleur compromis entre productivité et résistance aux bioagresseurs. Lorsque l’on compare les deux espèces entre elles, les triticales, par leur besoin en azote un peu plus faible, atteignent un meilleur rendement que la moyenne des 3 blés rustiques testés. Si l’on considère le rendement des variétés les plus productives pour ces deux espèces, la différence approche 5 quintaux, en faveur du triticale. Les teneurs en protéines des deux céréales restent assez comparables. Le triticale confirme bien sa place comme seconde paille, en particulier dans une rotation bio ou si l’azote est limitant au sein de la rotation.

Formes d’azote

Pour asseoir la rentabilité du triticale, l’un des enjeux est d’améliorer son statut azoté, sans apport de fertilisants de synthèse. Le triticale a des besoins d’environ 2,5 kg d’N/quintal. Les essais dans les Hauts-de-France ont comparé l’efficacité de différentes formes d’engrais organiques autorisés en agriculture biologique sur le rendement. Ils ont aussi testé l’intérêt de l’Azopril, un coproduit issu de vinasse qui contient 50 % d’azote ammoniacal issu de fermentation bactérienne. D’autres tests ont été conduits avec Amares (Azotobacter vinelandii à 15g/ha), à base des bactéries fixatrices d’N, appliqué aux semences. En 2020, cet enrobage de semences n’a pas permis à la culture d’améliorer son statut azoté dans le contexte climatique de l’année. En revanche, le rendement et la biomasse avec l’Azopril ont été significativement supérieurs aux autres apports de fertilisants organiques. Une piste à confirmer.