Une réduction des populations de pucerons a été observée dans certaines situations, mais l’intérêt global reste encore à démontrer

Des populations de pucerons parfois plus faibles

Différentes espèces ont été testées en association avec la betterave pour tenter de limiter les populations de pucerons sur cette dernière : l’avoine, l’orge, la féverole, le fenugrec, la vesce et le pois. Le choix s’est fait selon deux critères : une potentielle tolérance de ces espèces au programme de désherbage classique (ou légèrement adapté) réalisé sur betterave, et la possibilité de les détruire chimiquement à des stades tardifs. Dans le cas de l’avoine et de l’orge, des anti-graminées ont pu être appliqués. Dans le cas des légumineuses, du triflusulfuron méthyle, ou du clopyralid ont été employés. Ces espèces ont été semées au moment du semis des betteraves, ou quelques semaines avant.

Huit essais ont été mis en place pour tester l’association de la betterave avec de l’avoine (voir tableau ci-dessous). Dans la plupart des cas, le dispositif était dédoublé avec une moitié des betteraves soumise à un programme aphicide, et l’autre moitié non traitée. Sur les huit essais, six font ressortir un impact significatif de l’avoine sur la réduction des populations de pucerons dans les modalités non traitées. En revanche, sur l’essai conduit à Etrepagny, la tendance est contraire : les populations de pucerons sont plus importantes dans la modalité avec avoine. Dans les modalités traitées, les aphicides ont permis de bien gérer les populations de pucerons dans la plupart des cas. Ainsi, pour ces modalités, seuls trois essais sur sept ont des populations de pucerons significativement moindres dans les betteraves associées avec de l’avoine par rapport aux betteraves sans plante associée.

Les résultats obtenus avec les légumineuses sont beaucoup plus mitigés, car dans la plupart des cas, le gel printanier et le programme de désherbage ont fortement ralenti leur développement. Dans la majorité des essais conduits, aucun effet intéressant n’a été détecté.

Des résultats à consolider

Ces premiers résultats traitent uniquement des comptages de pucerons réalisés sur les essais. Or, l’intérêt global de cette méthode repose aussi sur les rendements obtenus et les dégâts liés aux jaunisses. En effet, ces plantes associées peuvent avoir un effet de concurrence sur les betteraves qu’il est nécessaire de maîtriser. Même si une destruction chimique a été réalisée sur l’ensemble des essais où celles-ci se sont bien développées, il est fortement probable qu’une concurrence se soit établie, au détriment du rendement betteravier. Enfin, il convient aussi de démontrer que les réductions de populations permises sont suffisantes pour diminuer les symptômes associés aux jaunisses. Sur certains essais, comme celui de Nojeon-en-Vexin, des réductions conséquentes de symptômes ont été observées. Sur d’autres, comme Etrepagny, ou encore Trinay, aucun effet n’est détecté. En résumé, l’enjeu est d’essayer de trouver un compromis entre un effet suffisant sur les pucerons pour limiter les pertes liées aux jaunisses, tout en évitant l’effet de concurrence des plantes associées.

Des perspectives pour la suite

Il sera donc nécessaire d’affiner les itinéraires techniques menés afin de tenter de trouver ce compromis, et de les répéter dans de nombreuses situations pour en avoir une évaluation fiable.

Le choix et la conduite des espèces pourront être ajustés. Malgré les difficultés rencontrées avec les légumineuses, leurs profils restent intéressants. Certaines d’entre elles peuvent probablement être moins concurrentielles que les graminées. Des travaux pourront être menés, entre autres, sur l’ajustement des densités, le choix des espèces et les dates de semis. Si un compromis intéressant est trouvé, il sera aussi nécessaire de valider ce levier à l’échelle d’une parcelle agricole.

CE QU’IL FAUT RETENIR

Globalement, des populations de pucerons plus faibles ont été dénombrées sur des betteraves associées avec de l’avoine. Les légumineuses associées aux betteraves ont vu leur développement ralenti ou bloqué par le gel et les programmes de désherbage : l’effet observé était donc nul ou peu prononcé.

Cependant, l’analyse des données de rendement et des notations de jaunisse est nécessaire pour juger de l’intérêt global de cette méthode sur les situations testées. L’objectif est de trouver des itinéraires techniques permettant une réduction des populations de pucerons suffisantes pour limiter les pertes dues aux jaunisses, tout en évitant la concurrence des plantes compagnes.