Depuis 2019, les premières variétés candidates à l’inscription sont évaluées en conditions inoculées et non inoculées pour comparer les rendements. Au stade 4-6 feuilles, des pucerons virulifères sont déposés sur chaque betterave pour les contaminer et mesurer le niveau de tolérance des variétés. Des élevages de pucerons sont donc mis en place avec les quatre virus responsables de jaunisse. Face à l’ampleur du travail, l’ITB optimise la méthode d’inoculation et recherche des moyens de caractérisation des variétés complémentaires aux informations de rendement. Une partie de ces travaux est réalisée dans le cadre du Plan national de recherche et d’innovation (PNRI) en collaboration avec le Groupe d’étude et de contrôle des variétés et des semences (GEVES) et les semenciers.

L’intensité des symptômes liée à la perte de rendement

L’intensité des symptômes est un bon indicateur de la perte de rendement d’après les premiers résultats (figure 1). Globalement, plus les feuilles sont jaunes, plus le rendement en présence de virus risque d’être pénalisé. Même s’il existe une dispersion des points autour de la droite de corrélation, cela justifie le besoin de rechercher des mesures fiables des symptômes, moins subjectives qu’une notation visuelle. Néanmoins, l’absence de symptômes ne signifie pas qu’il n’y a pas de virus. Les résultats montrent d’ailleurs que certaines variétés qui extériorisent peu la maladie peuvent atteindre des niveaux de perte de rendement non négligeables. La présence de symptômes n’est qu’un critère variétal supplémentaire qu’il faudra nécessairement compléter par une analyse du rendement en présence et en absence de virus.

Une mesure plus fiable de l’incidence de la jaunisse grâce à l’imagerie multispectrale

Les symptômes de la jaunisse sont visibles de loin à l’œil nu. Toutefois, la mesure précise du pourcentage de surface touchée n’est pas chose facile. L’ensoleillement et la position de l’observateur influent sur la note finale. Des méthodes numériques d’estimation de la gravité sont donc développées par l’ITB dans le but de réduire l’imprécision des notations.

Pour ce faire, les drones de l’ITB survolent les sites d’expérimentation en embarquant des caméras multispectrales. Ces appareils prennent des photos dans 6 longueurs d’ondes. Parmi elles, la lumière réfléchie par les plantes en proche infrarouge offre une information complémentaire sur leur état de santé. Les valeurs recueillies sont combinées mathématiquement afin d’être davantage corrélées avec la physiologie végétale. De nombreux indices de végétation sont ainsi disponibles pour suivre la croissance foliaire et le contenu biochimique des feuilles, mais il reste à identifier et à calibrer les relations.

Ainsi, des essais inoculés en 2021 avec les différents virus de la jaunisse ont servi de base. Une analyse statistique a permis de valider la forte corrélation entre l’estimation du taux de chlorophylle par drone et la notation de la gravité de jaunisse par des experts. La précision de la relation permet déjà d’identifier les micro-parcelles fortement touchées. Il faut toutefois étalonner la méthode sur un plus grand nombre de sites et de variétés pour fiabiliser les prédictions.

CE QU’IL FAUT RETENIR
  • L’ITB mène des essais inoculés avec le virus de la jaunisse pour étudier la réponse variétale.
  • La gravité des symptômes foliaires est corrélée à la perte de rendement mais des études approfondies sont nécessaires.
  • Le phénotypage via des caméras multipectrales permet de mesurer de manière objective les fortes gravités de maladie.