Pour 2021, KWS conserve le leadership du marché français de la semence de betterave, juste devant son principal rival SESVanderHave, la filiale du semencier français indépendant Florimond Desprez.

Si l’on raisonne en termes de groupe et de pool génétique, Florimond Desprez – SESVanderHave reste cependant numéro un en France devant KWS – Betaseed.

Les deux semenciers se disputent la première place sur le marché français depuis une vingtaine d’années.

La spécificité de l’année 2021 réside dans le fait que les parts de marché des six semenciers intervenant en France ont peu évolué. Les deux seuls mouvements consistent en une remontée d’environ un point de Betaseed (filiale américaine de KWS) et en une baisse de même amplitude du français Deleplanque (propriétaire du semencier allemand Strube). Enfin, Maribo (filiale du semencier coopératif danois DLF Seeds) reste stable.

Le marché français de la semence de betterave représente 488 000 unités en 2021. Mais l’année a été un peu particulière avec les ressemis suite au gel, qui fait que les semenciers ont en définitive vendu 530 000 unités.

Le marché français est très technique et segmenté en fonction des maladies et des parasites à combattre : forte pression de rhizomanie (FPR), nématodes à kyste, cercosporiose, rhizoctone brun… L’allemand KWS a souvent été à l’initiative des avancées technologiques, ce qui lui confère des parts de marché plus importantes sur les différents créneaux, comme celui des nématodes (un marché qui croît d’environ 3 % chaque année ; il dépasse maintenant les 30 %) ou de la forte pression rhizomanie (FPR), qui représente 7 à 8 % du marché. Mais chaque sélecteur apporte sa part à la diversité génétique, indispensable pour faire face aux nouveaux défis qui ne manqueront pas de se poser dans l’avenir.

Voici quelques points forts de cette année :

KWS

Présent tous les marchés, le semencier allemand a été pionnier sur le segment des nématodes (avec Millenia KWS) et de la FPR, soit environ la moitié des variétés recommandées dans la liste ITB-SAS. Alors que le segment de marché nématodes et cercosporiose prend de plus en plus d’importance, Annabella KWS est une des seules variétés à conjuguer productivité et moindre sensibilité à la cercosporiose.

SESVanderHave

Le spécialiste dans la betterave sucrière (SESVanderHave ne sélectionne aucune autre espèce) détient la variété la plus vendue en France : Libellule.

SESVanderHave arrive sur le créneau nématodes avec un vrai renouvellement de sa gamme : Chêne, Pivoine, Goyave. Sa toute nouvelle variété – Caméléon – a un très bon comportement contre les maladies du feuillage et surtout la cercosporiose. Enfin Rainette est idéale pour le petit marché de la tolérance au rhizoctone (pesant 1 %), en Alsace.

Florimond Desprez

Tisserin reste la variété phare du semencier français. Très peu présent jusqu’à aujourd’hui, Florimond Desprez se renforce sur le segment des nématodes avec une variété riche : FD Winning. FD Volley confirme ses résultats pour les situations en FPR.

Betaseed

Société américaine filiale de KWS, Betaseed est présent sur tous les segments de marché.

Face à la cercosporiose la société propose BTS 2045, riche en sucre. La gamme nématode se compose de BTS 7640 N, une variété riche et tolérante à la cercosporiose et l’oïdium. Parmi les nouveautés inscrites cette année : BTS 4915 N, avec un bon niveau de richesse et la BTS 6975 N une variété adaptée aux nématodes, à la cercosporiose et à la FPR.

Deleplanque

La richesse en sucre est une vraie force de la gamme Deleplanque, comme le confirment les résultats de Stanley dans les tests du réseau ITB SAS. Contre la cercosporiose, Deleplanque propose Raison et lance cette année une nouvelle variété Jimmy. Pour les nématodes, Deleplanque mise sur Satie, une variété riche et peu sensible aux maladies du feuillage. Pour la FPR, Deleplanque parie sur son gène de résistance RZx, une source différente de ses concurrents. Enfin Dandrieu a montré depuis 2015 un bon comportement face à la jaunisse.

Maribo

Héritier de la génétique Hilleshög, la société Maribo propose des génétiques adaptées pour faire aux parasites et maladies comme, Dinghy et Galion pour les nématodes et Goellette pour la FPR. Par ailleurs Fresbee montre un bon comportement face à la jaunisse.

Multiplication : la production de semences est en baisse

La fin des néonicotinoïdes a fortement compliqué la production de semences, car il n’y a pas de dérogation pour cette activité. Les attaques de jaunisse ont eu un impact sur la production de semences, avec jusqu’à 30 % de pertes. Alors que l’objectif de rendement est de 2 t/ha de semences, les multiplicateurs ont réalisé 1 t/ha en 2020 et 1,2 t/ha en 2021.

La situation est également compliquée pour la commercialisation surtout avec le système de dérogation donné annuellement. La décision très tardive sur l’autorisation d’enrober les semences avec les néonicotinoïdes l’année dernière a été un véritable casse-tête pour les semenciers. En France, la décision est tombée en février pour des semis mi-mars. En Allemagne, les autorisations ont été régionales…Chaque marché a sa spécificité.

Pour les semenciers, c’est une équation à plusieurs inconnues qu’il faut résoudre dans des délais très courts. Quelle sera l’évolution des surfaces ? Les traitements demandés ? Les dérogations par pays ? Les segments de marché ? Les variétés seront-elles inscrites dans les listes recommandées ?

La vie d’une variété de betterave n’est pas un long fleuve tranquille : pour des milliers de croisements, le semencier inscrira dix variétés, dont trois feront une carrière commerciale d’environ 5 ans !

Où sont produites les semences ?

Quelque 5 200 ha sont consacrés en France pour produire des semences de betteraves (80 % dans le Sud-Ouest). La France est – avec l’Italie en Émilie-Romagne (6 800 ha) – le plus gros producteur de semences. Les États-Unis produisent pour leur marché des semences OGM résistantes au Round Up. La Russie, l’Ukraine et la Turquie produisent pour leur marché.