Le sorgho gagne des hectares, en France, même dans les régions les plus au Nord. Des essais de sorgho pour la méthanisation y sont conduits sur plusieurs sites, tels que la plateforme de Catenoy dans l’Oise. D’autres essais testent le sorgho en complément du maïs ensilage dans les rations des bovins. Sobre comme un chameau, le sorgho nécessite moins d’eau et d’intrants que le maïs, avec un programme de désherbage plus réduit et moins d’azote.

Un potentiel en sec

« En 2021, les rendements du sorgho sont restés stables, avec par exemple de 10,94 à 11,2 t/ha de matière sèche pour Buffalo », rapporte Virginie Metery de la chambre d’agriculture des Hauts-de-France. Sur la plateforme de Catenoy dans l’Oise, des variétés de sorgho fourrager monocoupe comme Phoenix, Buffalo, Master et multicoupes telles que Hermès, Lurabo ont été comparées sur plusieurs années. Phoenix montre le meilleur rendement de sa catégorie en 2020 avec une très bonne vigueur à la levée. Hermès et Lurabo ont donné 11,6 t/ha et 14,4 t/ha en première coupe. Utilisé en fourrage, le sorgho apporte de la cellulose digestible avec peu d’amidon. L’essai conduit par le Groupe de développement agricole de Scarpe Hainaut (Nord) a mesuré son potentiel dans des terres sableuses où le sorgho peut mieux faire qu’un maïs lors d’une année séchante. Le sorgho étant frileux, l’implantation se fait tardivement : à partir du 10-15 mai et jusqu’au 15 juin sur sol bien réchauffé à + 12°C, à une densité de 180 000 à 240 000 graines/ha. Le sorgho nécessite de travailler le sol finement en surface, avant de semer les graines à 4 cm de profondeur, avec un semoir à disques sorgho ou betterave. En 2020, la récolte a été décalée à mi-octobre en raison des pluies de septembre. En principe, les variétés précoces peuvent se récolter à partir de mi-septembre. Mais la météo peut retarder la récolte, car il est déconseillé d’ensiler dans les 3 jours après une pluie pour ne pas avoir un fourrage trop humide. Le grain doit se situer à 25-28 % de matière sèche, soit au stade grain ou au stade pâteux. En 2021, les rendements des variétés de sorgho dans la région Scarpe-Escaut sont très bons avec une moyenne de 13,2 t MS/ha. La valeur alimentaire se situe en moyenne autour de 1 UFL/kg de MS. Conclusion : « pour avoir du volume et de la qualité, le couple date de semis et date de récolte est prépondérant. Un semis tardif en conditions sèches sera pénalisant pour les sorghos, mais pourra être encore plus pénalisant pour les maïs ».

Une place en méthanisation

La variété Amiggo de type biomasse figure parmi les sorghos testés dans les essais actuels. En région Scarpe-Escaut, Amiggo a permis d’obtenir un rendement supérieur de plus de 15 T de MS/ha, supérieur aux variétés de sorgho ensilage, utilisées en élevage pour leur meilleure valeur alimentaire. Dans l’Oise, sur la plateforme de Catenoy, les variétés Amiggo et Styx ont été semées à une densité de 250 000 pieds/ha. Amiggo montre une régularité de rendement (12 à 14 tMS/ha) sur 3 ans avec des dates de semis allant du 15 mai au 30 mai, en première et deuxième culture. Pour l’année 2020, Styx a donné un rendement supérieur. Les essais se poursuivent pour caler le meilleur itinéraire. Déjà, une chose est sûre : que ce soit pour la production de biomasse fourragère ou de méthane, les implantations tardives après le 15 juin ne permettent pas d’obtenir de biomasses intéressantes, notamment par manque d’eau à l’implantation et par une moindre somme de températures pendant le cycle.