Déjà aperçue durant les moissons de 2020 en Allemagne et plus à l’est, l’Ideal 10, la plus imposante des moissonneuses-batteuses de Fendt, taille lentement son chemin jusqu’à arriver dans les parcelles françaises, avec comme objectif : les moissons 2022. La machine n’est pas banale, dans sa robe noire et grise, bien éloignée du « vert nature » de la firme bavaroise. Elle peut être équipée, en option, d’un système de direction qui la dispense de la traditionnelle colonne, offrant une visibilité totale sur la barre de coupe, l’alimentation du convoyeur et son environnement immédiat. Fini donc le volant et ses quelques inconvénients. Ce poste de conduite nouvelle vague (Ideal Drive) se compose d’un petit joystick de pilotage placé sur un accoudoir situé à gauche du conducteur. À partir de là, tout mouvement de la machine est proportionnel à l’action imprimée sur le levier. Tandis que du côté droit rien ne change sur l’habituel accoudoir dédié aux fonctions de la moissonneuse-batteuse. En résumé, la main gauche agit sur la direction de la machine pendant que la droite lui fixe sa vitesse. Il est bon de préciser que le système répond positivement à l’ensemble des réglementations européennes relatives aux véhicules, de même qu’aux directives en vigueur sur la circulation routière. Disponible en option sur l’Ideal 10, ce nouveau poste de conduite l’est aussi sur toutes les autres Ideal, de la 7 à la 9, sous réserve qu’elles soient chenillées. Si la machine établit un nouveau standard en matière de conduite, elle n’est pas à la traîne dans les autres domaines. Moissonneuse-batteuse haut de gamme, elle reçoit un nouveau moteur MAN de 16,2 litres de cylindrée développant 790 chevaux, en règle avec la norme européenne anti-pollution par les gaz d’échappement Stage V. Comparé à celui de l’Ideal 9, il affiche une puissance supplémentaire de 143 chevaux.

Double rotor

Toujours au chapitre des plus, le système de nettoyage (le bien nommé Cyclone, à quatre sections) présente une capacité accrue de 15 %. Les grains tombent sur la grille à travers deux extensions incurvées de la table de préparation et à double chute. Grâce à cette forme courbe, les grains lourds s’accumulent dans le bas de l’extension tandis que les plus légers du flux de récolte restent dans la section supérieure. Beaucoup d’air, avec des sorties larges, passe dans le système, rendant le nettoyage encore plus efficace. La plupart des pailles courtes et des pailles menues sont séparées du grain à la première descente entre la table de préparation et la table intermédiaire. La seconde chute sur la grille supérieure évacue les impuretés. En parallèle, le constructeur a élargi la surface des contre-batteurs. Avec deux corbeilles de séparation supplémentaires, elle est passée à 4,54 m2, soit une augmentation de 12 % qui contribue à accroître le débit de la machine. L’Ideal 10 profite du dispositif de double rotor (Dual Helix), hérité des Ideal 8 et 9. Son nom vient de ses éléments – battes et dents – disposés en quatre rangées, telle une hélice. La partie frontale de chaque rotor se compose de quatre battes placées dans le sens de la longueur. Ce sont elles qui séparent les grains des épis. Derrière, les dents inclinées de 20° vers l’arrière favorisent la division de la récolte en sections hélicoïdales de façon à adoucir son passage autour du rotor. Autre composant essentiel, à l’avant de la machine, le rotor d’alimentation de 600 mm achemine le flux de produit avec un régime d’ameneur proportionnel à sa vitesse de rotation (de l’ordre de 70 %). Cela de manière à garantir une bonne qualité de la paille. Il est ensuite possible de régler son éparpillage dans la parcelle de trois façons : broyage et mélange – les menues pailles sont acheminées dans le broyeur – ; dépôt et mélange de paille – elles tombent dans l’andain – ; séparation des menues pailles de la paille – elles sont distribuées sur le côté. L’extrémité du broyeur de paille est pourvue soit d’un éparpilleur hydraulique (Active Spread), soit de déflecteurs passifs. La vitesse du système Active Spread se règle dans la cabine.

L’Ideal 9, l’autre petit monstre

L’Ideal 9 de Fendt n’a pas grand-chose à envier à la 10. Le constructeur bavarois rapporte les résultats d’un test de performance réalisé en août 2020 par la Société allemande d’agriculture (DLG) dans des parcelles de blé de Poméranie occidentale (nord-est de l’Allemagne). Confrontée à une autre moissonneuse-batteuse servant de machine de référence, selon le protocole défini par les ingénieurs de la DLG, l’Ideal 9 T (chenillée) s’est sortie d’affaire avec brio, selon Fendt. À 8 km/h, elle a débité 150 tonnes de grain et de paille, à raison de 89 t de grain par heure. Les pertes étaient proches de 1 %, d’où un rendement supérieur de 21,5 % au témoin. Avec une humidité du grain de l’ordre de 12 à 13 %, l’Ideal a enregistré des teneurs basses (de 0,1 à 0,3 %) de grains cassés. Le test a montré que les andains formés par la 9 T contenaient, proportionnellement, plus de paille longue (de 30 à 67 mm et au-dessus) que courte. Cette différence étant plus accentuée à 8 km/h qu’à 4 km/h. Récoltée dans de bonnes conditions climatiques, la paille affichait une humidité de 10 % et le rapport grain / paille était de 1 : 0,65.