Avant la publication de l’arrêté instaurant une nouvelle dérogation pour l’usage des néonicotinoïdes, tout le monde peut participer à la consultation publique jusqu’au 16 janvier 2022, sur le site internet du ministère de l’agriculture.

Les détracteurs vont sans aucun doute donner de la voix. Les betteraviers peuvent également donner leur avis, notamment sur le véritable casse-tête que constitueront les assolements 2022 et surtout ceux des trois prochaines années.

En effet, le projet d’arrêté précise les conditions d’emploi des semences traitées avec de l’imidaclopride ou du thiamethoxam et fixe des restrictions sur les cultures, qui peuvent être implantées les années suivantes, afin de réduire l’exposition des insectes pollinisateurs aux résidus éventuels de produits.

Ainsi, après une culture en 2021 ou 2022 de betteraves traitées avec des néonicotinoïdes, seules les cultures suivantes (incluant les cultures intermédiaires) peuvent être semées, plantées ou replantées :

– L’année suivant celle de la culture (N+1) : avoine, blé, choux, cultures fourragères non attractives, cultures légumières non attractives, endive, fétuque (semences), moha, oignon, orge, ray-grass, seigle, betterave sucrière à l’exception des semences traitées au thiamethoxam ou à l’imidaclopride, épeautre, épinard porte-graine, graminées fourragères porte-graine, haricot, miscanthus, soja, tabac, triticale, tritordeum ;

– La deuxième année suivant la culture (N+2) : chanvre, maïs, pavot/œillette, pomme de terre, millet, quinoa ;

– La troisième année suivant la culture (N+3) : colza, cultures fourragères mellifères, cultures légumières mellifères, féverole, lin fibre, luzerne, moutarde tardive, phacélie, pois, radis, tournesol, trèfle, vesce, lupin, sarrasin, sorgho.

Successions culturales chamboulées

Les contraintes d’assolement vont surtout peser sur le maïs, les pommes de terre, le colza et le lin. Les successions culturales vont être complètement chamboulées et certains agriculteurs risquent de se trouver dans des impasses. Certains pourraient être amenés à faire un arbitrage en défaveur des surfaces de betteraves… Ou alors choisir de ne pas utiliser les néonicotinoïdes, ce qui serait un choix risqué. Car une fiche de prévisions climatiques saisonnières rédigée par l’Inrae, et annexé au projet d’arrêté, conclut à une probabilité de présence des pucerons.

L’institut de recherche publique écrit : « on ne peut pas raisonnablement écarter l’hypothèse selon laquelle il y aura en 2022 une occurrence de pucerons suffisamment précoce, susceptible d’engendrer une fréquence significative de viroses avec une incidence négative sur le rendement en sucre de la betterave, sur une part importante de la zone de culture de la betterave sucrière en France. »

Les ministres de la Transition écologique et de l’Agriculture devraient signer cet arrêté vers le 20 janvier. D’ici-là – sait-on jamais – il y a peut-être une chance de pouvoir alléger les contraintes du projet actuel.