Les sucreries pourront-elles être approvisionnées par des camions de 48 tonnes, contre 44 tonnes actuellement ? Si ce type de camions sont déjà présents sur les routes belges et néerlandaises, cette possibilité serait une première en France.

Une expérimentation a été lancée depuis qu’un arrêté, paru le 1er janvier au Journal officiel, en précise les conditions jusqu’au 1er mars 2022 dans les départements des Ardennes et de la Marne. Cette expérimentation, portée par la filière betterave-sucre, est une des actions inscrites dans le plan stratégique remis au gouvernement en novembre 2019.

« Ce dossier est très compliqué, puisqu’il implique des changements dans le Code de la route, explique le président de l’interprofession (AIBS), Alain Carré. Il est le fruit d’un travail d’équipe exemplaire au niveau de l’interprofession, avec le soutien du délégué interministériel pour la filière sucre, la fédération des Transports Routiers, de l’association des Maires de France et des départements. L’arrêté du 1er janvier a été signé par quatre ministres ! »

34 tonnes de betteraves

Concrètement, un premier camion tourne aujourd’hui sur la zone de Bazancourt (groupe Cristal Union), puis ira à Connantre (Tereos) dans les prochains jours. « Le premier voyage s’est déroulé le 6 janvier », annonce le responsable de la sucrerie de Bazancourt, Xavier Vilain, qui a piloté le premier voyage en 48 tonnes. « Nous travaillons avec le fabricant de bennes Stas qui nous a mis une benne à disposition. Cristal Union a commandé la fabrication de deux autres bennes pour la prochaine campagne. Elles seront attelées à des tractionnaires opérés par les transporteurs ».

Des modifications de la benne à trois essieux ont permis de garder la même pression sur la chaussée, en les équipant de pneus extra-larges, en écartant les essieux pour mieux répartir les charges et avec le dernier auto-vireur pour éviter les ripages. « Nous avons validé le profil de la remorque avec les pouvoirs publics pour éviter de dégrader la chaussée », explique Xavier Vilain.

En chargeant 34 tonnes de betteraves au lieu de 30 actuellement, on transporte ainsi plus de 10 % de betteraves supplémentaires. « Pour l’usine de Bazancourt, cela représente un gain de 90 voyages aller-retour par jour », calcule Xavier Vilain. Les analyses plus poussées permettront de mesurer l’usure des pneus et des freins, la consommation de gazole, le nombre de camions en moins et l’acception des usages de la route.

Pour les sucreries, il s’agit d’un enjeu économique majeur quand on sait que le transport représente le 3e poste de charge. Il faudra également trouver une rentabilité pour les transporteurs qui devront changer leurs bennes. Cette expérimentation, qui sera également conduite tout au long de la prochaine campagne, permettra de voir si le transport en 48 tonnes vaut vraiment le coup.