Malgré une fin de cycle retardée, le maïs grain a donné des records de rendement, avec une moyenne estimée à 110 q/ha l’an dernier. Cette bonne performance se retrouve tant dans les parcelles à faible ou à haut potentiel. La dernière campagne, qui évite au maïs les manques d’eau, a aussi permis au progrès génétique de s’exprimer. Selon les chercheurs de l’Inrae, « ce progrès qui continue à évoluer de 1q/ha /an se révèle dans toutes les conditions de climat explorées en Europe ». Ils observent aussi que le cycle des hybrides actuels s’est modifié par rapport aux variétés plus anciennes. Les maïs fleurissent plus tard qu’autrefois et avec un plus grand nombre de grains mis en place. Cette floraison plus tardive est suivie par une dessication accélérée. Le programme de recherche Amaizing conduit depuis dix ans sur le maïs a permis d’identifier les principaux gènes ou régions génomiques qui contribuent à la tolérance aux stress. Ces avancées pourront améliorer la résistance génétique dans deux directions : en conditions sèches et chaudes ou, à l’inverse, dans les régions froides au printemps. On peut aussi attendre une meilleure efficacité d’utilisation de l’azote par le maïs. « La production du maïs est capable de s’adapter au changement climatique », estime Jean-Pierre Cohan, responsable du département de la valorisation génétique d’Arvalis.

Varmaïs facilite le choix

Pour choisir les meilleures variétés par région, il existe désormais une référence : Varmaïs, un outil en ligne. Les classements sont issus des réseaux d’inscription (CTPS/Geves), de post-inscription (Arvalis et UFS) et en probatoire à la post-inscription (Arvalis). L’outil est gratuit. Il indique les fiches des variétés et les résultats validés pour la précocité, le rendement, les tolérances et les résistances ainsi que la valeur énergétique de l’ensilage. Conçu pour les agriculteurs, Varmaïs permet de trier les hybrides selon des critères prioritaires.

Les essais variétaux permettent aussi de confirmer les valeurs sûres par créneau de précocité. Dans le groupe de maïs grain très précoce, Crosbey et Dentrico affichent des résultats très réguliers en 2021. Dans le groupe précoce, KWS Jaipur et Volney se classent toujours bien, talonnées par les variétés plus récentes, KWS Nostro et LG31272. Dans le groupe de grain demi-précoce, le réseau retient trois valeurs : DKC4178, P9234 et SY Enermax, qui est devenue en 2021 témoin de son groupe. Parmi les hybrides demi-précoces récemment inscrits, EsMylady et DKC4115 enregistrent de bons scores dans les régions nord-est et centre-est.

Stimuler la croissance

Plusieurs biostimulants appliqués en début de cycle ont été testés par Arvalis sur le maïs. Sur sept essais en 2019 et 2020, aucun effet sur le rendement n’a été mis en évidence, mais les évaluations se poursuivent. Parmi les substances nouvelles, le Proliant a été lancé cette année. Formulé avec une hormone végétale naturelle, l’acide gibbérellique, il stimule l’élaboration de protéines et d’enzymes agissant sur la croissance de la plante, feuilles et racines. Homologué comme régulateur de croissance, le produit est classé biocontrôle et sans résidus mesurables. Autorisé sur les cultures de maïs grain, l’ensilage, et les semences porte-graines, il s’applique au stade 3 à 5 feuilles à la dose de 250g/ha sous forme de microgranulés. Selon Philagro, Proliant sécurise un bon démarrage du maïs, même en conditions limitantes ou en cas de stress. « Il agit comme un booster de croissance de la plante au stade critique qu’est le démarrage, efficace en situation de sol limitant, limoneux ou séchant », détaille Anne Giroud, responsable du marketing des cultures chez Philagro. « Face au changement climatique, Proliant permet aux maïsiculteurs d’optimiser le potentiel de rentabilité de leurs parcelles, en limitant l’impact des stress abiotiques ». Les essais menés par Philagro mettent en évidence +4.2 quintaux supplémentaires en grain et +1.6 t d’ensilage supplémentaire.

Protection des ravageurs au semis

L’effet possible du changement climatique ne concerne pas que la hausse des températures. Il pourrait favoriser les bioagresseurs du maïs et leur progression plus au nord. Les ravageurs du sol les plus redoutés restent les taupins, responsables de dégâts dans les régions d’élevage, en particulier à l’ouest. En 2022, les microgranulées à base de cyperméthrine (Belem, Daxol) et de L-cyhalothrine (Karate 0.4, Trika lambda…) restent autorisés. La cyperméthrine a été renouvelée pour 7 ans, jusqu’à fin 2029. L’épandage se fait avec des diffuseurs qui placent les microgranulés dans la zone à protéger autour des semences et des jeunes plantules à venir. Face à la géomyze, un ravageur progressant en Normandie et dans les régions de l’Ouest, le traitement de semences Lumiposa a reçu une autorisation temporaire en 2021, renouvelée en 2022. Selon les essais réalisés dans le réseau Arvalis, son efficacité sur géomyze se situe autour de 50%. La protection des semis peut devenir un atout dans les régions à printemps froid. Car l’exposition aux ravageurs augmente avec des levées lentes en conditions fraîches, telles qu’on les a connues en 2021.