S’il s’agit d’atteindre le niveau minimum de 11,5 % de protéines demandé par de nombreux cahiers des charges, il faut réévaluer le calcul de la dose d’azote. En effet, toutes les variétés de blé tendre ne parviennent pas à la teneur idéale de protéines lorsqu’elles sont fertilisées à leur rendement optimum.

Calcul par groupe variétal

Le besoin en azote pour les blés meuniers se calcule donc en fonction de l’objectif final : rendement et/ou protéines. « Si le but est d’optimiser le rendement seul, le besoin en azote reste réparti en trois catégories, comme par le passé », déclare Philippe du Cheyron, ingénieur chez Arvalis. Selon le groupe variétal, la dose totale est de 2,8, 3 et 3,2 kg d’azote par quintal unitaire de grain.

Si l’objectif associe un rendement optimal et une teneur en protéines de 11,5 % minimum, le besoin évolue à la hausse. Son calcul prend en compte un besoin complémentaire (bc) de 0,2 à 0,4 kg d’azote/kilo de grain, en fonction du type variétal*. « Le calcul du complément bc se base sur l’écart entre l’objectif (11,5 %) et les teneurs en protéines moyennes ajustées, pour chaque variété, obtenu dans les essais d’Arvalis. » C’est aussi par une répartition ciblée des apports d’azote (N) que le taux de protéines du grain peut être optimisé. On sait que l’azote apporté à la fin de la montaison demeure le plus efficace pour maximiser cette valeur. Pour une variété nécessitant un besoin complémentaire de 0,2 kg d’N/kg de grain, cela implique par exemple d’augmenter la dose de 16 à 20 unités/ha en fonction d’un objectif de rendement de 80 ou 100 q/ha. À la montaison, il est conseillé d’utiliser une forme d’azote peu volatile, afin de valoriser au mieux chaque unité d’N. Pour le calcul de la dose totale d’azote, il faut souligner que les outils fiables ont été labellisés par le Comifer**. Ce label PREV’N s’applique à tous les types d’outils : logiciel, application web, tableur, grille papier.

Anticiper la hausse des engrais

L’envolée du prix des engrais azotés incite plus que jamais à chercher d’autres ressources. Dans le Grand Est, les initiatives de la chambre d’agriculture et des instituts techniques ont pris les devants. En introduisant une légumineuse avant un blé, un gain de marge brute a été prouvé en 2019 et 2020 alors que l’unité d’azote était deux fois moins coûteuse qu’aujourd’hui. En 2022, ce gain sera donc bien supérieur à celui obtenu il y a deux ans. « L’effet positif de la précédente légumineuse sur la marge de la culture suivante est renforcé du fait d’un engrais azoté cher et d’un prix de vente élevé des graines », note Vincent Lecomte, ingénieur chez Terres Inovia. L’effet précédent se chiffre à +6.5 q/ha et -40 kg N min/ha de fertilisation azotée par rapport à un blé de blé. Le bilan montre que les légumineuses à graines apportent un réel intérêt économique dans les terres de craie ou les sols argilo-calcaires superficiels de l’Est. Dans d’autres situations, elles n’apportent ni gain ni perte significative. Dans tous les cas, les indicateurs environnementaux dont l’azote et les gaz à effet de serre (GES) sont améliorés. La marge nette du système avec une légumineuse ferme-type craie présente une bonne robustesse, quel que soit le prix de vente du pois (de 193 €/t à 263€/t). L’autre moyen de minimiser le coût de la fertilisation azotée repose sur des sources d’N organique disponibles à proximité : effluents d’élevage, digestats de méthanisation. Pour bien les utiliser, un référentiel régional est accessible avec les coefficients équivalent-engrais azoté de synthèse (« Keq ») pour différents produits organiques.

*https://www.arvalis-infos.fr/les-besoins-unitaires-en-azote-des-varietes-reactualises-pour-2020-@​/view-14925-arvarticle.html

**https://comifer.asso.fr/fr/bilan-azote/labellisation-des-outils-de-calcul-de-dose/outils-labellise.html