« C’est une rupture dans notre métier. Notre secteur est engagé dans une transformation sans précédent », affirmait Bruno Baranne en présentant le 9 février la nouvelle entité Phyteis, qui succède à l’UIPP. L’Union des industries de la protection des plantes a choisi ce nom en accord avec son nouveau positionnement. En effet, Phyteis entend regrouper dans sa nouvelle entité quatre familles de technologies : l’agronomie digitale, les biotechnologies, la bioprotection et, comme par le passé, la phytopharmacie conventionnelle. « Pour accompagner les évolutions majeures, nous voulons en premier lieu contribuer à la performance économique des agriculteurs », annonce son président, Bruno Baranne. « Il faut aussi aller plus loin en durabilité en faisant « plus ». Enfin, il s’agit de répondre de façon positive aux attentes sociétales. Nous devons bouger vite car c’est une course contre la montre ». Cette transition sera collaborative, Phyteis voulant agir en synergie avec les secteurs des semences, du biocontrôle et des fertilisants.

10 milliards pour le digital

Bruno Baranne a aussi chiffré les engagements de la profession. « D’ici 2030, 10 milliards d’euros seront consacrés à l’agriculture digitale au plan mondial », annonce-t-il. « L’axe de la bioprotection, qui s’inspire de la nature au sens large, représente un investissement de 4 milliards pour nos industries au plan mondial. Les recherches vont s’élargir sur les interactions plante/sol, qui ouvrent des perpectives d’avenir pour protéger les cultures. Enfin, l’essor de l’intelligence artificielle nous aidera beaucoup dans ce domaine. Les solutions passent par le combinatoire. Nous allons proposer une caisse à outils mise à la disposition des agriculteurs sur le plan local ».

Phyteis ne travaillera pas qu’à l’échelle de la France, mais sa mission sera intégrée à celle des structures européennes de protection des plantes. « Nous avons créé des groupes de travail, qui ont déjà leur feuille de route pour 2022 », souligne Emmanuelle Pabolletta, directrice générale. À l’occasion de la présidence française de l’UE, Phyteis veut promouvoir un cadre règlementaire favorable à l’innovation, pour une agriculture résiliente et décarbonée, basée sur la science et la preuve. « Nous souhaitons encourager les investissements et l’installation de nouveaux laboratoires de recherche en Europe, tout en mettant en oeuvre de nouveaux standards », commente Bruno Baranne.

Un marché phyto stable

En France, le poids des industries de protection des plantes représente un chiffre d’affaires de 1,9 milliard d’euros en 2020, avec 6 000 salariés répartis sur 93 sites. « Le marché est stable en 2019 et 2020 », relève Emmanuelle Pabolletta. D’après les ventes des distributeurs, les produits conventionnels ont baissé de -16 % entre 2010 et 2020. Dans la même décennie, les ventes ont progressé de 23 % pour les produits de biocontrôle ». Il s’agit d’une tendance lourde, qui devrait se poursuivre sur le long terme avec l’avancée des biosolutions. A court terme, Phyteis prédit aussi l’émergence d’un marché des services autour de la protection des plantes.