L’effet sur la couleur des feuilles d’une surfertilisation, qui ont alors tendance à être plus vertes, et sur lesquelles les symptômes de jaunisse sont moins visibles, peut laisser penser qu’elle permet de réduire les pertes de rendement liées aux virus. Les essais conduits par l’ITB en 2021 et les références existantes tendent à montrer le contraire.

Les graphiques ci-dessous donnent les résultats de rendement de deux essais, l’un conduit à Vimy (62), et l’autre aux Grandes Loges (51). La moitié des dispositifs a été inoculée avec des pucerons virulifères, porteurs de la jaunisse modérée (BMYV sur un site, BChV sur l’autre). L’autre moitié n’a pas été inoculée. Ces deux modalités ont été croisées avec différentes doses d’apports d’azote afin d’étudier l’interaction potentielle de l’impact du statut azoté et de l’inoculation sur le rendement betteravier. Il en ressort clairement que les niveaux de rendement sont principalement liés au fait que les betteraves soient inoculées ou non.

L’année 2021 a été relativement bien pourvue en eau pendant une grande partie du cycle végétatif, et la minéralisation de l’azote a été plutôt élevée. Dans la plupart des essais conduits sur l’azote par l’ITB en 2021, les réponses de la betterave à différents apports sont donc peu marquées. Les apports d’azote peuvent même conduire à des situations de surfertilisation se traduisant par une perte de richesse et de productivité. Ces deux essais, avec des doses d’apports conseillées faibles ou nulles (0 uN/ha pour l’essai des Grandes Loges, 60 uN/ha pour Vimy), s’inscrivent dans cette tendance.
Il est à noter que le site de Vimy a été touché par la cercosporiose, ce qui a pu conduire à des biais dans l’obtention des résultats.

Pour ces deux essais, l’invalidation des hypothèses nécessaires à l’utilisation d’un modèle statistique empêche de trancher statistiquement sur l’interaction de l’impact de ces deux facteurs sur le rendement betteravier. Mais la tendance d’évolution de rendement selon la quantité d’azote apportée semble être sensiblement la même pour les betteraves inoculées, et non inoculées. Par ailleurs, des tests PCR ont été réalisés peu de temps avant la récolte afin de quantifier la charge virale des betteraves inoculées. Sur chaque essai, elle ressort statistiquement identique. Le statut azoté de la plante, dans les conditions de ces essais, n’a pas eu d’impact sur la charge virale, suite à l’inoculation.

Du fait des conditions de l’année 2021, les situations étudiées ne présentent pas de grosses carences en azote : les enseignements sont donc limités à des situations plutôt correctement pourvues. Cependant, ces conclusions viennent conforter les résultats de Jaggard et al. 2002 qui indiquaient aussi qu’une surfertilisation n’avait a priori pas d’intérêt pour limiter les pertes de rendement liées à la jaunisse.

CE QU’IL FAUT RETENIR

Dans les conditions de l’année, la quantité d’azote apportée n’a pas eu de conséquence sur la charge virale des modalités inoculées.

Aucune interaction claire ne ressort entre le statut azoté de la plante et l’inoculation de la jaunisse modérée sur le rendement betteravier.