La base alcool du pastis fabriqué par le groupe Pernod Ricard est assurée à 40 % par la betterave, contre 80 % il y a encore 30 ans. « Essentielle à notre activité, notre devoir est de défendre cette culture en danger et de l’accompagner dans sa transition agroécologique en la sécurisant via les contrats », a souligné Cécile Devilliers, directrice de la performance durable de l’entreprise, lors d’une table ronde organisée le 26 février au salon de l’Agriculture sur le stand d’Agridemain. Le groupe annonce d’ailleurs, dans le cadre de ses engagements RSE, certifier 100 % de ses territoires stratégiques, en agriculture durable ou régénératrice, à horizon 2030. Ce vocable désigne tous les modèles visant la préservation des ressources dont le sol et la biodiversité, que ce soit via la certification Haute valeur environnementale (HVE), l’agriculture biologique ou via d’autres itinéraires agroécologiques, comme l’agriculture de conservation. Les contrats signés en agroécologie ne bénéficient pas encore d’une valorisation financière par Pernod Ricard France ; c’est actuellement à l’étude pour la betterave.« Nous travaillons sur la mise en place d’un contrat tripartite très transparent avec les agriculteurs, les producteurs d’alcool et Pernod Ricard », explique Virginie Bartholin, responsable des achats agricoles chez Pernod Ricard France.

Accélérer la transition agroécologique

Pernod Ricard fait d’ailleurs partie des sept groupes industriels, soutenant le projet « cultures d’industrie sur sols vivants » porté par l’association « Pour une agriculture du vivant ». Issue d’un appel à projets lancé en 2019 par FranceAgrimer et dédiée aux cultures de betteraves et de pommes de terre, cette vaste expérimentation terrain doit produire des références tout en accédant à une juste rémunération pour les producteurs. « Notre cœur de mission est de créer une dynamique entre la centaine d’agriculteurs impliqués dans le projet pour accélérer la compréhension du vivant, transférer durablement les innovations sur les territoires afin créer des modèles économiques viables », a expliqué Anne Trombini, directrice de l’association. Nous facilitons aussi le dialogue entre tous les maillons de la filière, en organisant trois fois par an des rencontres dans les fermes et les usines partenaires du projet ». Pour Marc Leroy, planteur de betteraves, producteur de pommes de terre, travaillant en non labour depuis 25 ans, ce projet permet avant tout de partager les expériences et de mettre en place de contrats filières fondés sur l’agroécologie. Et il avertit : « les transitions demandent du temps ». Les résultats technico-économiques du projet seront présentés fin 2023.

Les échanges sont à retrouver dans l’émission « Ensemble engagés, préservons la biodiversité et nos savoir-faire» sur https://ensemble-et-engages.desmarques-etvous.fr/pqr/

Alcool surfin

Pernod Ricard est un très gros acheteur d’alcool surfin, puisque la célèbre boisson anisée est constituée à 45 % d’alcool. L’alcool doit être le plus neutre possible et ne pas avoir de goût. Pernod Ricard travaille avec les fournisseurs historiques pour approvisionner ces 3 usines de boissons anisées en France : Marseille, Bordeaux et Lille. La marque de spiritueux explique que la part de la betterave a diminué dans ses approvisionnements ces dernières années, essentiellement à cause du développement de l’éthanol et de la demande pour l’industrie pharmaceutique.