Pour 2021, les prix de betteraves seront connus fin juin suite à la négociation en commission de répartition de la valeur (CRV) avec Saint Louis Sucre. « L’objectif est d’aller chercher 30 €/t à 16 °S (base forfait collet à 7 %) », a déclaré Benoît Carton, le directeur de la CGB Eure. Rappelons que Tereos a déjà annoncé 28,27 €/t et Cristal Union, 29,37 €/t.

L’usine d’Étrépagny a l’objectif, pour 2023, de développer 1 000 hectares supplémentaires pour atteindre 21 000 ha dans l’Eure, mais aussi l’Oise, la Seine-Maritime et le Val-d’Oise. Le but est d’atteindre 135 jours de campagne à Étrépagny. Saint Louis Sucre met les moyens puisque, pour les betteraves semées en 2022, l’industriel a déjà annoncé un prix minimum de 33 €/t betterave entière, soit 35,5 €/t (forfait collet). C’est une hausse significative. « Chapeau », s’est exclamé le président de la CGB, Franck Sander, lors de l’assemblée générale de la CGB Eure, qui s’est tenue le 10 mai au Neubourg.

Pour 2023, la CGB espère que Saint Louis Sucre gardera une base minimum sur les prix, une indexation sur le prix du sucre, et améliorera l’équilibre du partage de la valeur : « des éléments qui permettront de pérenniser nos surfaces betteravières et même de les augmenter », estime Benoît Carton.

Le président de la CGB Eure, Alexandre Quillet, a pointé l’augmentation des charges chez les planteurs et les fabricants de sucre. « Il faudra donc rediscuter de la corrélation entre le prix du sucre et celui de la betterave. Et je crois que l’on pourra s’appuyer sur la loi Egalim 2, pour indexer les contrats avec les acheteurs de l’agroalimentaire ». La CGB continue sa pédagogie auprès des fabricants pour expliquer les bénéfices d’une meilleure contractualisation.

Comme Étrépagny, la sucrerie de Fontaine-le-Dun (Seine-Maritime) souhaite développer ses surfaces. À ce sujet, Alexandre Quillet a voulu préciser la position syndicale de la CGB Eure à propos des agriculteurs de l’Eure qui sont devenus adhérents de Cristal Union. « Bien sûr, chaque agriculteur est libre d’aller où il veut, et le fabricant peut travailler avec qui il veut. La mission de la CGB Eure est de rendre le contrat Saint Louis Sucre attractif, mais aussi de préserver l’approvisionnement de la sucrerie d’Étrépagny. Fontaine-le-Dun peut vivre sans la totalité du département de l’Eure, mais Etrépagny ne vivra pas si une part importante de ses betteraves partent à Fontaine-le-Dun », a-t-il expliqué.

Un plan charançon

Une table ronde a aussi fait le point sur les orientations nécessaires pour pérenniser le développement de la filière : à savoir les outils de gestion des risques pour assurer une protection de la marge brute des planteurs, les moyens de production, l’innovation variétale et, bien sûr, le plan national de recherche et d’innovation (PNRI). « Le PNRI est un enjeu ultra-stratégique pour la filière, pour ne pas revivre la catastrophe de 2020 », a insisté Franck Sander.

Henri Havard, délégué interministériel pour la filière sucre, a donné rendez-vous en novembre prochain pour faire la revue de tous les projets de recherche du PNRI : ceux qui continueront et ceux que l’on arrêtera. Il a également a annoncé la mise en place d’un plan national de recherche sur le charançon, mais qui ne sera pas calqué sur le modèle du PNRI. « Le soutien de l’État est acquis à la filière betterave », a-t-il assuré.