« La betterave est gourmande en énergie », a constaté Timothé Masson, directeur des services économie et syndical à la CGB, lors de l’assemblée annuelle du 24 mai. À court terme, les coûts de production de la betterave peuvent s’accroître de 15 à 20 %, portés par la hausse de 100 €/ha en fioul cette année, « sans compter l’impact à l’arrachage », a-t-il précisé. Sur le moyen terme, les coûts peuvent s’envoler jusqu’à 30 %. Conséquence de la guerre en Ukraine, les sucriers sont également confrontés à cette hausse colossale : leur politique d’achat en gaz est déterminante pour les coûts industriels. Si l’usine n’a pas acheté en amont son gaz à un tarif fixe, le prix peut s’élever à 100 €/mWh, soit un bond de 45 %. « Avec la hausse des coûts industriels et des coûts de production de betteraves, est-il illusoire de demander un prix de betterave à 40 € sur les semis de 2023 ? », s’est interrogé Timothé Masson. Guillaume Wullens, président de la CGB Nord-Pas-de-Calais, tient à rassurer les planteurs sur l’avenir de la betterave : « les industriels ne vont pas rester les bras croisés, je garde espoir que nous allons avoir des prix conséquents. Nous avons un territoire riche, de l’assolement pour répondre à plusieurs marchés, notre institut technique tiens la route, nos industriels sont performants : la betterave est une plante résistante, elle a encore de l’avenir ».

Un schéma plus rémunérateur pour la pulpe surpressée

« La pulpe va être un enjeu encore plus grand pour les années à venir », a annoncé Guillaume Wullens. Des enjeux que Timothé Masson a exposés lors de sa présentation, avec une « vision froide et économique ». « En prenant en compte le fait que de nombreuses usines de déshydratation fonctionnent au charbon, où la hausse des prix est de 16 %, lorsque la tonne de carbone double et que, d’un autre côté, le prix du gaz s’envole, va-t-il être intéressant de déshydrater la pulpe de betterave l’année prochaine ? », s’est-il interrogé. La pulpe surpressée a, quant à elle, un avenir plus « serein », en termes de rentabilité. En se basant sur un prix de maïs à 265 €/t, on obtient une parité betterave – pulpe à 40 €/t, avec une compensation autour de 4,70 €/t de betteraves. « Si on n’atteint pas ce niveau de parité autour de 40 €/t, cela signifie que la filière betterave aidera le monde de l’élevage à faire face à la hausse des prix », déclare Timothé Masson. Émilien Rose, président de la commission nutrition animale de Tereos, reste prudent sur les prix avancés : « ces prix peuvent être dangereux car cela frustre les éleveurs et cela en fait rêver certains », répond-il. La production de biomasse reste un des enjeux majeurs de la filière, « un agriculteur est un chef d’entreprise : nous devons lui donner un maximum de perspectives. Quand je dis « nous », c’est la CGB, mais aussi nos sucriers. Nous devons concentrer nos efforts sur la production de biomasse : plus nous en produirons à l’hectare, plus nous produirons du carbone, le sujet est là », a conclu Franck Sander, président de la CGB.