Les perspectives de rémunération qui se profilent pour la récolte passée et celles à venir rassurent les planteurs du Centre Val-de-Loire. Mais il faut déjà anticiper la fin de la protection phytosanitaire et surtout éviter un nouvel épisode de jaunisse.

L’Assemblée générale des planteurs de betteraves du Centre Val-de-Loire, présidée par Alexandre Pelé le 16 juin dernier, a été l’occasion de reprendre confiance dans l’avenir, avec des perspectives de rémunération revues à la hausse. En effet, les prix de betteraves 2022 tourneront autour de 35 €/t et ceux pour la prochaine campagne pourraient atteindre les 40 €, comme l’ont déjà annoncé de nombreux groupes sucriers.

Les cours du sucre s’envolent sur le marché spot européen, passant de 500 €/t en avril à plus de 850 €/t en juin (sortie usine française). Si les prix de la betterave étaient calés sur le spot – ce qui n’est pas le cas – le prix de la tonne de betteraves devrait atteindre 53 € ! Certes, tout n’est pas bénéfice. Les coûts de production pour les planteurs sont aussi en hausse de 25 à 30 %, avec la hausse du prix des carburants et des intrants. Mais ils retrouvent de la marge.

De quoi leur mettre du baume au cœur, car l’épisode de la jaunisse n’a pas manqué de toucher les betteraviers du Centre et du Val-de-Loire en 2020. Si l’État est venu couvrir une partie des pertes, le compte n’y est pas. S’adressant à Henri Havard, délégué interministériel nommé pour faire face à la crise, présent à la réunion, un planteur rappelle que « Julien de Normandie avait annoncé un budget de 100 millions d’euros, qui est devenu 80 millions d’euros par la suite et… Seulement 60 millions ont été versés ». Il considère aussi que cette somme n’était qu’une « réparation après l’erreur d’interdire les néonicotinoïdes ».

15 M€ pour la jaunisse

Le délégué interministériel, par ailleurs apprécié par la filière, a défendu les positions de l’État. « Nous avions vu trop large, en appliquant des paramètres basés sur la situation en Île-de-France et en Centre Val-de-Loire. En réalité, les autres régions n’étaient pas aussi touchées. D’où la différence entre ce qui a été versé et ce que nous avions budgété. Cette aide débloquée pour des raisons sanitaires était une première, les betteraviers ont été enviés car normalement l’État n’intervient pas ». Les planteurs du Centre Val-de-Loire ont touché un quart de la somme totale, soit 15 millions d’euros.

Après avoir ainsi soldé le passé, place à l’avenir. Il reste à obtenir la dérogation, via un décret pour l’utilisation des néonicotinoïdes pour 2023. « Si on ne l’obtient pas, ce serait un véritable coup de couteau dans le dos juste au moment où les cours du sucre s’envolent », a lancé un planteur dans la salle. Le délai de trois ans pour trouver des solutions alternatives avec le programme baptisé Plan national de recherche et d’innovation (PNRI) est court. Une vingtaine de projets de recherche ont été lancés. Il faudra faire le tri, retenir les meilleures solutions : les instituts techniques se préparent à des débats tendus, dans un calendrier très serré. Avec l’enjeu majeur de maintenir la filière et la souveraineté en matière de production dont le chef de l’État a fait une priorité.