Le serpent de mer est retourné dans les profondeurs. En dépit d’une offensive médiatique d’envergure, les mouvements anti-chasse, associés aux antispécistes, ont échoué. Bérangère Couillard, la secrétaire d’État à l’écologie, l’a annoncé le 9 janvier dernier devant l’Office Français de la Biodiversité (OFB) : on continuera donc à chasser le dimanche. Bérangère Couillard a annoncé quelques mesures nouvelles : création d’un délit pour ivresse en action de chasse, mise à niveau pratique des chasseurs dans le maniement des armes, création d’une plateforme numérique indiquant les lieux de chasse, renforcement des sanctions en cas d’accident grave.

Première réflexion : chacun sait bien que la décision n’est pas venue de madame Couillard mais bien « du château ». Emmanuel Macron a toujours défendu la chasse. Certes, à son corps défendant, il a du entériner les arrêts du Conseil d’État, notamment en ce qui concerne la suppression de certaines chasses traditionnelles mais, globalement, il a choisi son camp. Dans une lettre au président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC), il écrivait en mars 2022 : « il n’a jamais été question d’envisager l’interdiction de la chasse les week-ends et les jours fériés, car la chasse reste une activité populaire ».

Les accidents ont constamment diminué, alors que l’on tire beaucoup plus de balles que dans les années 80. Le grand gibier a, en effet, été multiplié par six en trente ans. En dépit de ce risque accru, le nombre d’accidents (90 au cours de la dernière saison, dont 8 mortels) ne cesse de fléchir.

Moins de risques que d’être foudroyé

L’argument le plus fréquemment asséné est que les promeneurs risqueraient leur vie en se baladant le dimanche. Notons d’abord que cette promenade chez autrui quand il s’agit de propriétés privées est, en principe, interdite. On ne se balade pas où on veut quand on veut. Les chasseurs paient une cotisation au domaine public ou à une association pour avoir le droit de fouler des territoires qui ne leur appartiennent pas. Ce n’est pas le cas des promeneurs, qui trop souvent se sentent chez eux partout, notamment quand il s’agit de ramasser des champignons.

La chasse à tir en forêt domaniale est déjà interdite le dimanche. Notons ensuite que les chasses de grand gibier sur des territoires affermés sont dûment signalées par des panneaux « chasse en cours ».

Notons également que le nombre d’accidents de chasse est beaucoup plus faible que celui des accidents de ski, plus faible que celui du cyclotourisme, et de l’équitation et, qu’en se baladant, on risque davantage d’être touché par la foudre (une centaine de cas chaque année) que par une munition de chasse.

Notons enfin que contrairement à ce qui est dit ou écrit, beaucoup de promeneurs entretiennent de bons rapports avec les chasseurs. Tout récemment, chassant dans une forêt publique en Gironde, j’ai croisé une dame accompagnée d’un chien-loup. Nous avons discuté un moment. Elle m’a expliqué que « Toby » levait de temps en temps des faisans et qu’il aimait chasser. Elle ne chassait pas elle-même, mais semblait presque le regretter.

Il faut distinguer le promeneur militant – une petite minorité – de la masse des promeneurs. À la campagne, « les autres usagers de la nature », comme on les appelle, ont souvent un parent chasseur. Ils ont déjà mangé du gibier. Ils ne chassent pas eux-mêmes mais ne sont pas virulents, un peu comme Michel Onfray, intellectuellement opposé à la chasse, mais qui confiait récemment avoir des amis chasseurs et apprécier le pâté de sanglier …

90 millions d’euros chaque année pour la défense de la nature

On entend et on écrit que « plus de 70% des Français sont pour l’interdiction de la chasse le dimanche », mais dans quelles conditions a été réalisé le sondage et sur quelle population ? Sans doute des citadins qui mettent rarement les pieds en dehors de la ville et qui, solidement façonnés par les média, sont, par principe, des opposants.

La chasse fait partie du paysage rural. Elle est utile car elle régule un grand gibier excédentaire. Elle ne nuit pas à la biodiversité et même la favorise. Qui restaure les haies, favorise les cultures spécialisées, entretient les zones humides ? Les associations de chasseurs. Le monde de la chasse est beaucoup plus actif financièrement que les associations de protection de la nature.

Rappelons que les chasseurs versent chaque année environ 90 millions d’euros à l’Office Français de la Biodiversité (OFB) et à l’Office National des Forêts (ONF). Ces deux offices exercent des missions emblématiques dans la protection des écosystèmes.

Ce loisir a connu depuis trente ans un encadrement phénoménal : multiplication des espèces protégées, instauration d’un permis de chasser, réduction de la période de chasse, extension des réserves et des zones protégées, contrôles renforcés, sécurité accrue. Interdire la chasse le dimanche reviendrait à l’interdire tout court, puisque beaucoup de pratiquants ne sortent que le week-end. C’était bien l’objectif des opposants.

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