Le paillage biodégradable fait ses preuves

Depuis quelques années, la société irlandaise Samco System, en partenariat avec les ateliers Dorez situés à Dampierre-sur-Aube, développent un outil spécifique de semis sous paillage biodégradable pour la production de betteraves biologiques.

Ce type d’implantation a pour principaux objectifs de limiter la concurrence des adventices, facteur déterminant en production bio, et de favoriser une croissance rapide de la culture, pouvant limiter l’impact de certains ravageurs.

À la suite d’une préparation de sol classique, l’outil travaille sur une largeur de 6 rangs et combine 3 phases distinctes :

– La mise en place de la bâche pour 2 rangs, soit 3 bâches par passage

– La perforation et le dépôt de la semence à espacement régulier

– Le rappui de la ligne de semis par une rangée de pneumatiques pour favoriser le contact entre le sol et la graine et assurer une levée homogène.

Le paillis est composé d’amidon de maïs, de miscanthus et de charbon naturel lui conférant sa couleur opaque. Il est autorisé par certification en agriculture biologique et se dégrade durant le cycle de la culture.

Les résultats de 2 années d’expérimentation menées par l’ITB en sols de craie de Champagne mettent en évidence un gain de productivité de l’ordre de 10 à 15 % en comparaison d’une conduite en semis classique, ainsi qu’une réduction du temps consacré au désherbage manuel.

Autre point positif, les observations réalisées sur l’état sanitaire montrent en tendance une moindre infestation de jaunisse virale. L’hypothèse d’une perturbation visuelle face aux vols de pucerons au printemps est à confirmer.

Le bilan économique global reste favorable malgré un coût d’implantation avoisinant les 1300 € /ha.

Des adaptations sont prévues en 2023 pour parfaire l’outil et surtout maximiser le taux de levée, avec une amélioration de la mise en terre des graines, insatisfaisante dans les situations expérimentées. Sachant qu’un emplacement sans betterave c’est, le plus souvent, une adventice à supprimer manuellement …

L’implantation des betteraves : réaliser des faux semis

Dans les expérimentations conduites par l’ITB, la réalisation de faux semis a régulièrement conduit à une destruction importante d’adventices. La meilleure maîtrise du salissement peut permettre un recours moindre à la main d’œuvre pour désherber manuellement les betteraves.

La réussite des opérations de faux semis implique de favoriser les relevés d’adventices, tout en limitant au maximum l’assèchement du lit de semences, qui pourrait dégrader la qualité de levée des betteraves semées ensuite.

Le désherbage mécanique : l’étape primordiale en bio

Un désherbage non maîtrisé peut anéantir la récolte de la parcelle. En effet, la betterave est particulièrement sensible à la concurrence des adventices depuis la levée jusqu’au stade de couverture du sol.

En production biologique, le travail mécanique doit être réalisé sur toute la surface de la parcelle, à des stades précoces des betteraves pour gérer les adventices sur le rang. Une préparation rappuyée et nivelée permettra une levée rapide et homogène des betteraves et facilitera l’action des outils mécaniques tels les herses étrilles.

Les interventions au stade « fils blanc » ou cotylédons des adventices sont primordiaux pour garantir la réussite de son désherbage.

Un tableau édité par le groupe technique régional du plan bio Hauts-de-France et l’ITB (voir ci-dessous) indique les niveaux d’efficacité et de sélectivité des outils de désherbage mécanique

Le choix variétal : pilier de la protection fongicide

Pour lutter efficacement contre la cercosporiose, l’utilisation d’une variété tolérante est le pilier de la protection. Elle permet une adaptation de la protection fongicide afin de garder un feuillage sain, notamment à l’automne. Elle évite les pertes de feuilles et les repousses toujours très pénalisantes pour le rendement de la parcelle.

12 variétés sont disponibles en culture biologique :

– 5 sont tolérantes à la rhizomanie : Caméléon, FD Médaille, Jimmy, BTS 2045 et Novalina KWS

– 5 sont tolérantes aux nématodes : Arum, BTS 6975N, Galion, Twain, FD Winning

– 4 sont forte pression rhizomanie (FPR) : BTS 2045, Castor, Curie, Novalina KWS

CE QU’IL FAUT RETENIR

La réalisation de faux semis permet de diminuer le nombre d’adventices à gérer dans la culture.

La qualité de la préparation des sols conditionne l’efficacité des outils de désherbage.

Le paillage biodégradable ou le passage d’outils mécaniques au stade « fils blancs » permet de limiter le désherbage manuel.

Une variété tolérante est le pilier de sa protection contre la cercosporiose.