Le système racinaire des pommes de terre s’installe durant les deux premiers mois. Durant cette période, la culture mobilise de fortes quantités d’azote (N) et de potassium (K) afin de couvrir ses besoins.

La dose d’azote peut être fractionnée, en faisant un premier apport d’au moins 50 % de la dose totale à la levée, puis un deuxième apport 45 jours plus tard. « Pour l’absorption de l’azote, la période clé se situe entre 50 et 70 jours après la plantation », rappelle Francesca Dagan, ingénieur chez Arvalis. Ce complément se base sur un diagnostic nutritionnel fait entre 30 et 45 jours après la levée, sur les parties aériennes. Il passe par deux outils fiables : soit l’analyse du jus de pétiole avec l’outil Jubil, soit par un test sur les feuilles avec le Yara N Tester. Un nouvel outil de détection optique est aussi en cours de validation par Arvalis, pour 2024. « Dans la moitié des parcelles que nous avons testées en 2022, ce complément n’était pas nécessaire » commente Francesca Dagan. Par ailleurs, la localisation de l’azote peut permettre de baisser d’environ 20 % la dose totale prévisionnelle, sans altérer le rendement. Cette technique augmente en général le nombre de tubercules et diminue la proportion de gros calibres. L’engrais doit être localisé 10 cm en dessous et 10 cm de part et d’autre du plant, pour ne pas risquer de brûler les germes. L’enfouissement de l’engrais azoté a aussi l’avantage de réduire les pertes par volatilisation.

Indispensable potassium

L’alimentation en potassium (K) est un autre volet important. La pomme de terre exporte en moyenne 5 kg de K2O par tonne de tubercule. Cette valeur varie d’environ 4,5 kg/t pour les pommes de terre primeurs et de consommation, et jusqu’à 6 kg/tonne pour les fécules. Le potassium joue plusieurs rôles : il renforce la résistance aux endommagements, diminue la sensibilité au brunissement et réduit la teneur en sucres réducteurs. Les apports peuvent s’effectuer sous diverses formes : chlorure, sulfate, engrais composés, patenkali, vinasses de betterave (3-4 t/ha). Ce choix est susceptible de modifier l’état du tubercule. Ainsi le chlorure de potassium tend à accroître sa teneur en eau et à réduire sa teneur en matière sèche et en fécule, comparé au sulfate de potassium. Un apport de potassium est aussi possible lors du dernier buttage. Dans ce cas, il est recommandé de privilégier la forme sulfate plutôt que le chlorure pour éviter une baisse de la teneur en matière sèche.

La pomme de terre est aussi exigeante en phosphore, puisqu’elle exporte, selon les variétés, de 1 kg à 1,5 kg de P2 O5 par tonne de tubercule. Ses besoins sont très importants pendant le début de la phase de tubérisation, car cet élément facilite le stockage de l’amidon dans la plante. Si la teneur du sol en phosphore est faible ou si cet élément est peu disponible au stade sensible, la pulvérisation foliaire de P, juste avant le début de la tubérisation, peut être judicieux. Il permet d’augmenter la taille des tubercules, dans la mesure où les autres facteurs nutritionnels ne sont pas limitants.

*https://comifer.asso.fr/