Cette année, en Ukraine,179 000 hectares de betteraves sucrières ont été récoltés sur les 180 000 ha semés. Peu d’hectares ont donc été perdus ! Avec un rendement moyen de 50 t/ha, 8,44 millions de tonnes de racines ont été livrées aux 23 sucreries encore en marche. Avant le conflit, on en dénombrait 33. Résultat, à la mi-janvier 2023, l’Ukraine a produit 10 % de sucre en moins que l’an dernier, soit un peu moins de 1,2 million de tonnes.

La filière sucrière est dans les mains de groupes industriels cultivant des dizaines de milliers d’hectares de betteraves qu’ils transforment en sucre.

Jusqu’à l’an dernier, une petite partie de la production de racines était encore assurée par des « agriculteurs indépendants ». Ils livraient alors leur récolte à des sucreries locales, avec lesquelles ils avaient contractualisé leur production. Mais, depuis le conflit, peu d’entre elles fonctionnent. Seuls des groupes intégrés sont encore en activité cette année. Ils cultivent leurs betteraves et les transforment en sucre dans leurs usines.

La holding agro-industrielle Astarta est l’une d’entre eux. C’est l’un des plus grands producteurs de betteraves et de sucre d’Ukraine. Sur ses 32 000 ha de betteraves cultivés, 2 millions de tonnes de racines ont été récoltées. Et comme les conditions climatiques ont favorisé le développement des plantes, le rendement moyen de 56 t/ha a été supérieur de 19 % à celui de la campagne passée.

Dans ses cinq usines, Astarta produira 282 000 tonnes de sucre d’ici la fin de la campagne. Elle les commercialise d’ores et déjà sur le marché intérieur et les exporte, par rail et par route, vers l’Union européenne.

Les sucreries relativement épargnées

L’ensemble des grands groupes sucriers a été jusque-là relativement épargné par les affres de la guerre. Leurs sucreries sont implantées dans les régions occidentales et centrales du pays, à proximité des 181 000 hectares sur lesquels les betteraves sont cultivées. Et ces groupes disposent d’importants moyens logistiques et financiers pour rester en activité.

Mais dans les régions de l’est et du sud de l’Ukraine, 8 millions d’hectares (27 %) de terres agricoles sont occupés par l’armée russe, situés dans des zones de combat ou minés, et par conséquent inaccessibles.

Dès le début des hostilités, la filière laitière et ses exploitations concentrées le long de la frontière biélorusse ont été touchées de plein fouet par les bombardements. Des dizaines de milliers de vaches ont été abattues et des fermes laitières ont été détruites.

Toutefois, la filière sucrière n’a pas été épargnée par la flambée des prix des intrants (engrais, carburants, produits phytosanitaires etc.) depuis le printemps dernier. Elle a renchéri les coûts de production d’Astarta, mais la holding ne publiera ses comptes qu’en avril prochain.

Par ailleurs, les conditions météorologiques extrêmement défavorables ont compliqué la récolte des racines et leur transport vers les sucreries l’automne dernier. Et une partie du matériel agricole nécessaire pour récolter les betteraves était hors d’usage, car il a été détruit par les troupes russes alors qu’elles tentaient d’envahir le pays. Ces machines étaient en effet entreposées dans les régions où des hostilités ont été lancées.

Enfin, les usines et les exploitations agricoles pourraient connaître des pénuries de main-d’œuvre car de nombreux salariés ont été mobilisés pour défendre le pays ou se sont portés volontaires pour s’engager dans l’armée.

Malgré tout, Astarta a fourni à ses usines les moyens nécessaires, y compris le gaz, pour transformer rapidement ses betteraves afin de limiter les pertes. En effet, le sucre peut être stocké pendant de longs mois, alors que la durée de conservation des betteraves est très courte.

Par ailleurs, le groupe Astarta dispose de la logistique matérielle et financière pour s’approvisionner en intrants. Aussi, la holding aborde la prochaine campagne 2023-2024 avec sérénité, un sentiment loin d’être partagé par les autres filières agricoles.

Un facteur positif a été la conjoncture favorable des prix du sucre. Cela place les producteurs de betteraves sucrières dans une position plus avantageuse par rapport aux céréaliers. En effet, le marché ukrainien des céréales et des oléoprotéagineux s’étant effondré, les prix des grains « sortie de ferme » sont parfois inférieurs de 200 € aux cours mondiaux.

« Common Help UA », le projet humanitaire d’Astarta

Dès le début de la guerre, Astarta s’est lancé dans l’humanitaire. Le groupe sucrier fournit une aide humanitaire aux 17 millions d’Ukrainiens qui ont été contraints de fuir les bombardements et l’occupation russe. Le projet humanitaire « Common Help UA » soutient les réfugiés qui se sont établis à proximité des entreprises, mais aussi l’armée. Astarta lance des campagnes de soutien en Ukraine et dans toute l’Europe.