La manifestation du mercredi 8 février à Paris s’est déroulée aux Invalides, un lieu symbolique pour la betterave, puisqu’il abrite le tombeau de l’Empereur, à l’origine de cette grande culture ! Reprenons du début. C’est par le blocus continental que tout commence. En 1806, Napoléon 1er, en guerre contre les Anglais, instaure le blocus continental. Les Anglais, n’ayant plus accès aux ports européens, empêchent les navires marchands d’entrer dans les ports français. Le sucre de canne ne peut plus être exporté vers la France. L’Empereur décide alors de produire du sucre sur place. L’idée que l’on pouvait extraire du sucre de la betterave avait été amorcée en 1745 par Andreas Sigismund Marggraf, un chimiste allemand. Mais c’est en 1810, lorsque le chercheur François Thierry présente ses travaux, que le destin des betteraves sucrières va prendre un tout autre tournant. Ses échantillons sont adressés au ministre de l’Intérieur Montalivet, qui lui accorde une gratification financière. Le pharmacien Deyeux lui a emboîté le pas, et a lui-même présenté ses résultats, qui ne lui ont attiré que des louanges. Napoléon impose, via un décret du 25 mars 1811, la mise en culture de 32 000 hectares de betteraves, avec un budget de 5 millions de francs. Le chimiste Chaptal succèdera à Montalivet pour mener à bien cette campagne. Chaptal va se rapprocher de Benjamin Delessert, un officier d’artillerie devenu membre de la chambre de commerce en 1804. En janvier 1812, Benjamin Delessert présente à Napoléon des pains de sucre de betterave. Étant le premier à réussir l’extraction de sucre de betterave en grande quantité, il sera décoré par l’Empereur de la légion d’honneur et nommé baron d’Empire.Le 15 janvier 1812, un nouveau décret établit la création de 5 écoles de chimie dédiées à la fabrication de sucre de betterave et de 4 fabriques impériales. 500 licences sont accordées aux personnes qui souhaitent fabriquer du sucre de betterave. Un film qui retrace l’origine de la betterave sucrière, atout majeur pour notre souveraineté alimentaire, en danger actuellement, a été produit en 2011, à l’occasion du bicentenaire de la « glorieuse fille de l’Empereur ».