Depuis le début de la matinée, une rumeur agitait les réseaux sociaux selon laquelle la sucrerie d’Escaudœuvres pourrait fermer. Le communiqué officiel du groupe sucrier est finalement tombé à 15 h 00 : Tereos annonce un projet de réorganisation de son activité industrielle en France. Il justifie cette réorganisation « en réponse aux enjeux de décarbonation et de modernisation de ses infrastructures, et aux évolutions agricoles à venir ».

Le président du conseil d’administration, Gérard Clay, déclare : « Tereos a la responsabilité d’investir dans son outil industriel pour maintenir un fort taux d’efficacité par rapport à la concurrence européenne et mondiale, tout en poursuivant son objectif de rémunérer au mieux les productions de ses coopérateurs ».

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Baisse de 10 % des engagements coopératifs

Il s’agit donc pour la coopérative de sauvegarder sa compétitivité. Mais surtout, Tereos fait face à une réduction durable des emblavements et constate une baisse continue des rendements depuis la campagne 2018-2019. Enfin, cette année est marquée par « une baisse des engagements coopératifs qui correspond à 10 % des tonnages à partir de la campagne 2023-2024 », explique Tereos dans son communiqué. Du coup, les volumes de betteraves disponibles ne permettent pas à certains sites de fonctionner à pleine capacité.

C’est le cas du site d’Escaudœuvres qui, jusqu’à maintenant, bénéficiait du transfert de betteraves d’autres sucreries du groupe. Or la baisse générale des volumes de betteraves ne permet plus ce transfert. « Cela a pour conséquence de réduire significativement la durée de campagne estimée entre 25 et 45 jours de campagne en fonction des rendements pour 2023-2024 », explique le groupe. Cette durée prévisible est en effet très faible comparée à une durée moyenne de 110 jours. Les betteraves proches du site d’Escaudœuvres seraient désormais travaillées sur les sucreries voisines : Boiry (45 km) et Origny-Sainte-Benoîte (50 km).

En revanche, l’activité du centre logistique spécialisé dans le conditionnement en big bags et en conteneurs, avec un quai de chargement des barges sur l’Escaut, est maintenue. Cette plateforme destinée notamment à l’exportation est idéalement située à proximité du futur canal Seine-Nord Europe.

Enfin, une partie de l’activité du service agricole et du support pour le site (30 postes) est aussi maintenue. Au total, l’arrête de la production de sucre entraînerait la suppression de 123 postes.

Restructuration dans la Marne

La réorganisation des activités industrielles touche également la distillerie de Morains, qui est rattachée à l’établissement de Connantre (Marne), dont elle transforme exclusivement les substrats. « Le mix de production évolue vers une augmentation de la production de sucre à Connantre et une diminution du volume de substrats à destination de Morains, qui est, par conséquent, en sous-utilisation depuis plusieurs années », justifie Tereos. Les substrats de Connantre seraient alors transformés dans d’autres distilleries françaises du groupe coopératif.

Toujours dans la Marne, Tereos est à la recherche d’un acquéreur pour sa féculerie d’Haussimont. Le groupe assurera toutefois l’activité de son site de transformation de pommes de terre fécule pour la campagne 2023-2024. « Au cours des 5 dernières années, Tereos a investi 30 M€ dans cette féculerie et souhaite, aujourd’hui, donner un nouvel élan à cette activité dont le projet serait porté par le potentiel acquéreur », explique le communiqué de presse.

Avec cette réorganisation industrielle de grande ampleur, Tereos espère retrouver des marges de manœuvres financières pour sauvegarder sa compétitivité.