L’an dernier, la nuisibilité moyenne des maladies se situait à 14 q/ha pour l’orge d’hiver, soit un peu plus qu’en 2021 (11q/ha) et 2020 (8 q/ha). « En 2022, la rouille naine s’est imposée comme la principale maladie, mais les attaques dépendaient beaucoup de la résistance variétale », souligne Gilles Couleaud, ingénieur en protection des plantes chez Arvalis. Les variétés assez résistantes à la rouille naine sont : Pixel, Carrousel, Etincel, KWS Exquis, Visuel, Comtesse… Une autre maladie, la rhynchosporiose, a été relevée l’an dernier dans les régions nord, en particulier en Lorraine. Les variétés récentes comme KWS Propis, LG Zenika, KWS Joyau semblent moins sensibles à la rhynchosporiose qu’Etincel et LG Zelda, qui sont classées sensibles. Une troisième maladie courante, l’helminthosporiose, a été plus discrète en 2022. Toutefois, la résistance de l’helmintosporiose aux fongicides SDHI continue d’évoluer. « Dans un contexte dominé par l’helminthosporiose, l’efficacité des associations fongicides SDHI + triazole est affectée, et il est préférable de leur ajouter un fongicide à base de strobilurine », ajoute Gilles Couleaud. En 2023, Arvalis conseille toujours de se limiter à une seule application de SDHI et à un seul fongicide strobilurine par saison. Pour les fongicides du groupe des triazoles, l’alternance des matières actives reste recommandée.

Quel fongicide choisir sur les semences traitées avec un SDHI ?

Lorsque les semences d’orge ont reçu une protection à base de Systiva formulé avec un fongicide SDHI (fluxapyroxad), est-il possible de refaire un fongicide SDHI en végétation ? En principe, la recommandation reste bien d’appliquer un seul SDHI par campagne. « Nous sommes très soucieux de préserver l’efficacité des SDHI. Si Systiva est appliquée sur la semence, le traitement exerce une forte pression de sélection sur les agents. C’est une technique qui risque d’accélerer la perte d’efficacité des SDHI », estime Gilles Couleaud, d‘Arvalis. L’institut estime aussi que l’usage du traitement de semences Systiva ne doit pas être systématisé, compte tenu des risques de résistance. Cette protection est à réserver aux situations à risque élevé de rhynchosporiose, ou éventuellement sur l’orge de printemps semée à l’automne. Et Systiva ne doit en aucun cas être suivi d’une autre application de SDHI en traitement foliaire.

Le traitement de semences a toutefois un avantage : il peut permettre une impasse fongicide au T1 (premier traitement en végétation), en particulier sur les variétés peu sensibles aux maladies. Le traitement classique, à base de Vibrance sur les semences, apporte une bonne efficacité sur l’helminthosporiose. Dans 80 situations suivies avec un OAD (outil d’aide à la décision) entre 2015-2018 par Arvalis, une impasse au T1 a été conseillée dans 52% des cas avec ce type de traitement de semences. L’usage des OAD comme Prévi-Lis reste le plus sûr moyen d’optimiser les résultats, car ils permettent de réaliser des économies chaque fois que l’impasse est possible pour le premier traitement fongicide.

Face à la hausse du prix des phytos en 2023, d’autres stratégies de réduction se profilent. En Champagne, le groupe Optifongi, cherche à diminuer l’FT fongicide de 50% en testant la technique des microdoses, c’est-à-dire en associant à chaque traitement trois matières actives différentes à 10 % chacune de leur dose d’homologation. Sur l’escourgeon, la technique des micro-doses n’est pas simple à appliquer, du fait du caractère explosif des maladies. À l’aide de l’OAD Optiprotec, les agriculteurs du groupe Optifongi ont pu atteindre leur objectif en 2022, avec un IFT de 0.66 sur l’orge d’hiver contre 0.86 l’année d’avant. En revanche, pour l’orge de printemps semée à l’automne, la moyenne du groupe reste supérieure à l’objectif de réduction d’IFT, tout en se plaçant en dessous de la référence régionale. L’orge de printemps paraît assez bien adaptée aux microdoses fongicides. Cette stratégie demande à être plus largement confirmée.

Merci Dolly !
Merci Dolly !

Une nouveauté avec Sesto

Dans la gamme fongicide orge, il n’y a pas de grande innovation attendue en 2023. Le Sesto (folpel 500 g/l) est l’un des seuls produits autorisés récemment, apportant une action multisite. Son intérêt est d’agir sur toutes les souches de maladies, même les souches résistantes à d’autres fongicides. Testé depuis plusieurs années par Arvalis, Sesto a confirmé qu’il renforçait la protection vis-à-vis de la ramulariose, une maladie de fin de cycle. « La ramulariose peut avoir un impact important sur les rendements de l’ordre de 10% en moyenne. Avec les changements climatiques et les modifications des pratiques agricoles, cela sera une des maladies à surveiller dans les prochaines années », estime Anne-Sophie Becue, chef de produit Adama. Contre la rhynchosporiose et l’helminthosporiose, les différentes associations testées par Arvalis incluant du Sesto se situent au niveau des références. Autre fongicide attendu : l’association de Corteva à base de fenpicoxamide 55 g/ha + prothioconazole 75 g/l (Univoq) qui devrait recevoir une extension d’usages sur orge, permettant de contrôler à la fois la rouille naine, la rhynchosporiose, l’helminthosporiose et la ramulariose.