Utiliser la lutte agronomique

La mise en place de pratiques non chimiques réduit le stock semencier. Le faux semis est peu utilisé car il engendre souvent un retard du semis qui impacte le potentiel de rendement de la betterave. Malgré tout, il permet de diminuer les levées d’adventices dans la culture en place. En 2022, un essai ITB en Normandie, suivi avec la Chambre d’agriculture, a montré une baisse significative du nombre de ray-grass avec deux ou trois faux semis. Le nombre de ray-grass est passé de plus de 50 par mètre carré à moins de 10 dans ces modalités. Les deux faux semis ont été réalisés entre le labour et la préparation du sol. La modalité avec deux faux semis a pu, dans cet essai, être semée le même jour que la modalité témoin. L’itinéraire avec trois faux semis a été semé 8 jours après.

Le labour enfouit en profondeur les graines, élimine les repousses et les jeunes adventices. Les graminées comme les ray-grass ou les vulpins perdent leur viabilité rapidement au cours du temps. Un bon compromis est de labourer une fois tous les 3 ou 4 ans pour ne pas remonter de graines viables.

Ces techniques sont indispensables pour une gestion durable des graminées mais doivent être complétées par des action chimiques dans la culture.

Combiner les modes d’action

L’évolution des résistances est souvent corrélée avec une monotonie des produits et donc des modes d’action utilisés. Les plantes naturellement résistantes vont se développer et devenir problématiques pour la culture en place. Une adventice étant rarement résistante à plusieurs modes d’action, il est recommandé d’en utiliser plusieurs sur la culture.

L’utilisation de différents modes d’action est une stratégie qui favorise l’efficacité et limite le développement de la résistance.

Roger Reboussin : un impressionniste chez les bêtes
©ITB

Les essais conduits en 2022 sur ray-grass

En 2022, 2 essais ITB réalisés en Normandie et en Île-de-France montrent une meilleure efficacité des traitements avec plusieurs modes d’action. Malgré tout, l’efficacité finale n’est pas satisfaisante car la pression de ray-grass était trop importante (plus de 50 ray-grass par mètre carré dans chacun des deux essais). Dans ces situations, la lutte agronomique est indispensable.

Sur la figure 3, la sélectivité des traitements est équivalente lorsque le programme contient ou non le produit Isard (les deux barres de gauche). Lorsque le produit Mercantor Gold est positionné en pré-émergence (les deux barres de droite), la note de sélectivité est inférieure d’un point. Mais cette notation est à relativiser puisqu’il n’y a pas eu de perte de plante. Il s’agit d’un tassement de végétation sans perte de productivité.

Roger Reboussin : un impressionniste chez les bêtes
©ITB

L’ajout d’un deuxième mode d’action (carré bleu sur la figure 4) améliore l’efficacité du programme. Le traitement avec le produit Centurion 240 EC à base de cléthodime à 1,25 l/ha reste la base du programme dans toutes les modalités. À noter que l’ajout du mode d’action 15 en pré et en post émergence est également possible avec un gain d’efficacité, mais à réserver uniquement aux parcelles avec de très fortes populations de graminées résistantes.

CE QU’IL FAUT RETENIR

La lutte agronomique est indispensable afin de diminuer le stock semencier dans la parcelle.

La diversification des modes d’action est à utiliser pour la gestion des graminées résistantes.