Le sucrier British Sugar continue d’innover en matière de contrat proposé aux planteurs. Après avoir mis en place un mécanisme permettant de fixer leur prix de betterave à partir des marchés à terme (voir Betteravier français n°1 117), l’industriel vient de proposer un nouveau contrat garantissant un chiffre d’affaires de 3 000 £/ha (3 425 €/ha), quel que soit le rendement, à condition de livrer les betteraves début septembre. Cette offre est limitée à 1 400 ha seulement, selon le principe du « premier arrivé, premier servi ».

Les betteraves devront être livrées à la sucrerie de Bury St Edmunds (Suffolk) entre le 4 et le 13 septembre 2023. British Sugar veut ainsi éviter de se retrouver à cours de betteraves en début de campagne, comme ce fut le cas en 2022 alors que la sécheresse avait retardé la récolte.

Pour être éligibles à cette offre, les producteurs doivent fournir un minimum de 5 hectares de betteraves (et jusqu’à un maximum de 50 hectares), en plus de leur tonnage contractuel habituel.

Les 3 000 livres sterling garanties sont proposées indépendamment du rendement effectivement obtenu. Ainsi, si la récolte atteint, par exemple, 60 t/ha, la betterave sera payée l’équivalent de 50 £/t (57 €/t), tandis qu’un rendement de 70 t/ha équivaudra à une betterave payée à 42,85 £/t (49 €/t).

Le contrat précise également que tout volume dépassant les 72,5 t/ha recevra un supplément de 40 £/t, (45,7 €/t) soit le même que le prix de base convenu entre British Sugar et le syndicat des betteraviers britanniques – la NFU Sugar – pour la campagne 2023-2024.

Alors, si les farmers sont assurés de bénéficier de 3 000 £/ha, British Sugar demande quand même quelques garanties : les producteurs devront respecter des bonnes pratiques en termes de rotation des cultures, de date des semis (avant le 15 avril) et de peuplement avec au moins 80 000 plants par hectare.

Un contrat développé en partenariat avec la NFU Sugar

Entretien avec Arthur Marshall, économiste à la National Farmers’ Union

Le syndicat des betteraviers a-t-il été associé à la mise en place de ce contrat ?

Oui, la NFU a participé à la mise en place de ce projet avec British Sugar. Le fabricant nous a contactés en janvier pour nous expliquer le défi auquel il était confronté, à savoir qu’en raison des pertes importantes dues au gel, sa production pour 2022-2023 avait été inférieure à ses engagements de vente. Nous avons donc proposé un contrat anticipé, qui permettrait à une usine d’ouvrir plus tôt que d’habitude, en septembre, pour éviter de manquer de sucre au cours de ce mois. Nous avons d’abord proposé un contrat prévoyant simplement un prix de betteraves plus élevé, mais British Sugar a souhaité un contrat défini en livres sterling par hectare. Nous avons finalement conclu un accord sur 3 000 £/ha comme valeur encourageante pour les producteurs.

Quel a été le résultat de cette opération ?

Je ne sais pas encore combien de producteurs nous avons au total pour 2023, mais le contrat principal à 40 £/t a atteint le résultat escompté avec une hausse de la superficie betteravière d’environ 10 %, qui compense en grande partie les réductions observées au cours des deux dernières années. La superficie betteravière reste cependant encore inférieure aux niveaux de 2020. En outre, le contrat précoce a attiré 1 400 à 1 500 hectares supplémentaires, répartis entre 60 à 70 producteurs. British Sugar a plafonné le contrat à ce niveau et a donc refusé un certain nombre d’autres producteurs qui auraient été intéressés.