La présentation des chiffres 2022 de l’Agence bio souligne la baisse de la part du bio dans l’alimentation des Français, passée de 6,4 % à 6 %. La filière souhaite relancer le marché en réhaussant la demande côté consommateur.

Bilan mitigé pour l’agriculture biologique. L’Agence Bio a présenté le 1er juin ses chiffres pour l’année 2022 en France. Avec une baisse de 4,6 % des ventes dans la grande distribution, de 8,6 % dans les magasins bio et de 2,9 % pour les artisans, le marché présente des fragilités. Côté consommateur, la part du bio dans l’alimentation est passée de 6,4 % à 6 %. 3 086 points de vente bio étaient recensés fin 2022, contre 3 258 en 2021 (- 5,3 %). Les surfaces bio continuent de progresser de 18 % pour les grandes cultures, les fruits à noyaux et à pépins et la vigne, mais elles amorcent une décélération des conversions, avec un recul de 59 %, ce qui est inquiétant pour l’avenir. Alors que l’on est à 10,7 % de surface bio en 2022, l’objectif national de 18 % des surfaces à horizon 2027 sera difficilement atteignable. La France conserve sa première place en surface (hectare bio) au niveau européen, mais elle ne se loge qu’à la 13ème place en pourcentage de surface dédiées à l’agriculture biologique.

Chute des conversions

Les premiers impactés par la décroissance de la demande restent les producteurs en première année de conversion, avec des surfaces en baisse de 41 %. Si le vin tire son épingle du jeu avec une hausse de 2 % des ventes, les producteurs de viande (volaille et porc) sont davantage touchés, avec une chute de 13 % des ventes.

Face à ces chiffres, la question de repasser à une agriculture conventionnelle s’est posée pour plusieurs producteurs. 3 290 arrêts de certification biologique ont été enregistrés en 2022. « On entend beaucoup parler de déconversion. Dans ces chiffres, il faut prendre en compte la part de départ en retraite », tempère Loïc Guines, président de l’Agence Bio.

Du côté du sucre, le nombre d’hectares risque de stagner, en témoigne Cristal Union. Le groupe sucrier a annoncé lors de la conférence sur ses résultats de l’année 2022 mettre en pause le développement des surfaces de betteraves bio, actuellement autour de 1 600 ha. L’objectif initial des 2 000 ha ne sera donc pas atteint.

Augmenter la part du bio dans les assiettes

Les produits bio sont majoritairement consommés à domicile (92 %), contre seulement 8 % en restauration collective, ou commerciale. « Alors que nous sommes le pays de la gastronomie », déclare Laura Verdeau, directrice de l’Agence Bio. « Nous avons 80 000 cantines. Le bio doit être un peu de la consommation de tout le monde », poursuit-elle.

Autre axe à poursuivre, le bio local vendu à la ferme, avec une croissance de 3,9 % sur l’année. « Il faut réconcilier la consommation du bio. Le marché, on peut le modeler », atteste la directrice de l’Agence Bio.