La panique annoncée pour 2022, sur fond de guerre en Ukraine, de politique zéro-Covid en Chine, de pénurie de matières premières et de composants, sans oublier les délais de livraison prolongés de douze semaines, n’a pas eu lieu. « Nous pensions que 2022 serait difficile sur le plan commercial et industriel. Ça l’a été sous certains aspects », a commenté Jean-Christophe Régnier, président de la commission économique d’Axema, en guise d’introduction au rapport annuel de l’organisation professionnelle. L’avenir est-il préservé pour autant ? Pas sûr ! La montée exponentielle des prix du matériel agricole pourrait faire basculer le marché. Ceux-ci ont augmenté de 12 % en 2022 par rapport à 2021 ou encore de 30 % sur trois ans. Du jamais vu depuis les années 80, qui conduit les industriels à s’interroger sur l’acceptabilité d’une telle inflation par les acquéreurs potentiels d’équipements. Le risque du « trop c’est trop » pointe donc son nez à l’horizon. À quoi ressemblera 2023 ? Certainement pas à 2022, marquée, en dépit des nombreuses difficultés, par un record en valeur des ventes de matériels neufs s’établissant à 8,3 milliards d’euros, soit une augmentation de 15 % par rapport à 2021 (le volume de vente n’ayant augmenté que de 2,5 %). Si les premiers mois de 2023 ont souri aux industriels grâce au report des commandes de machines passées en 2022, la suite pourrait les faire grimacer, mais avec modération. Selon Jean-Christophe Régnier, des signaux passent à l’orange, dus à la chute libre du niveau des commandes, et « la probabilité d’un retournement de cycle après cinq années de croissance prend de l‘épaisseur ». Les prises de commande affichent en effet des baisses de 15 %, voire de 50 %, en fonction des familles de produits. L’attentisme des acheteurs gagne du terrain mais les industriels veulent malgré tout trouver quelque motif de satisfaction. Les carnets de commandes restent garnis et, à la mi-mars, ils avaient devant eux cinq mois et demi de production dans leurs ateliers. Autant dire que l’année civile devrait être sauvée. Mieux, Axema estime avec prudence qu’il est presque acquis que le marché des agro-équipements enregistrera une croissance de 5 à 10 % en 2023.