6 130 euros par hectare. C’est le prix moyen des terres et prés libres non bâtis en 2022, selon la FNSafer. Soit une augmentation de 3,2 % par rapport à 2021. En zone de grandes cultures, ce chiffre suit la même tendance (7 390 euros/ha, soit +1,6 %) et l’écart de prix s’accentue entre les terres irriguées et celles qui ne le sont pas. Cependant, si l’on corrige ces prix de l’inflation, le prix des terres est en baisse. À noter aussi que les Hauts-de-France et le Grand Est connaissent des baisses respectives de 2,6 % et 3,4 % du foncier libre. Le prix des terres et des prés loués connaît aussi une croissance de 2,9 % pour s’établir à 5 060 euros / ha (6 500 euros / hectare en région de grandes cultures). L’année 2022 fait suite à une année qui avait vu le prix du foncier baisser de 2,3 % pour les biens libres et de 0,4 % pour les biens loués. Le prix moyen du foncier libre atteint son niveau maximal depuis le point bas de 1997. Malgré le grand nombre de départs à la retraite d’agriculteurs, prévu dans les années à venir, Emmanuel Hyest, le président de la FNSafer, ne prévoit pas de baisse du foncier agricole.

Le marché des parts sociales semble anticiper l’entrée en vigueur de la loi Sempastous

« En 2022, 9 490 projets de ventes de parts sociales, concernant 6 650 sociétés*, ont été notifiés aux Safer, en hausse de 24,8 % par rapport à 2021 », peut-on lire dans le rapport de la FNSafer. Cette croissance est visible tous les mois, mais particulièrement en décembre (+ 52 %). « Même si nous n’avons pas d’éléments assez précis pour le prouver, nous sommes persuadés que cela est dû à la mise en application de la loi Sempastous en 2023 », a affirmé Emmanuel Hyest lors de la conférence de presse de présentation des chiffres de l’année 2022, le jeudi 25 mai dernier. Dans la même perspective, il faut noter que les personnes morales*, cette fois en tant qu’acquéreurs, ont augmenté leurs achats sur le marché foncier (terres et prés, vignes).

Près de 20 000 hectares destinés à l’urbanisation

Selon la FNSafer, la surface destinée à l’urbanisation a baissé de 46 % en 2022, mais s’élève encore à 18 100 hectares. Le caractère très instable de ces variations de ce chiffre ne permet toutefois pas de préjuger d’une diminution régulière des surfaces consommées pour atteindre les objectifs de la politique du zéro artificialisation nette (ZAN), explique la FNSafer. En effet, « on observe depuis la crise de 2007 des oscillations beaucoup plus marquées du marché de l’urbanisation, tandis que la décennie précédente enregistrait plutôt une hausse régulière et quasi exponentielle de ce marché », peut-on lire dans l’analyse du prix des terres 2022 de la FNSafer. Cependant, si l’on peut se réjouir de la baisse des ventes des surfaces destinées à l’urbanisation, il faut noter que celles des surfaces destinées aux espaces de loisirs (jardins, parcs à chevaux, …) augmentent de 6,8 %, pour atteindre 32 800 hectares. Et, selon Loïc Jégouzo, l’adjoint du responsable du service d’étude de la FNSafer, la sortie de l’usage agricole de ces terres – non prévue par les documents d’urbanisme – génère un mitage de l’espace rural qui peut s’accompagner de risques (conflits d’usage, incendie, détournement d’usages, …) ainsi que d’une perturbation des références de prix, dommageables pour l’activité agricole.

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* Sociétés d’exploitation (GAEC, EARL, SCEA, …) ou sociétés de portage du foncier (GFA, …).