Tolérance aux maladies, productivité et qualité : le cru 2023 est bien armé

Le vert domine dans les tableaux 2023 des notations d’Arvalis sur la tolérance des blés aux maladies ! Alexis Decarrier, animateur national de la filière blé tendre chez Arvalis, relève une avancée considérable pour les dernières variétés mises sur le marché : « quand j’ai commencé en 2007, nous enregistrions pour le nord de la France de 20 à 40 quintaux de différence entre le blé traité avec un programme fongicide et celui non traité. Un tournant a vraiment été pris avec l’arrivée des variétés Chevignon et KWS Extase. On associe tolérance, productivité et qualité ! Trois traits désormais ancrés dans les nouveaux blés inscrits ».

Choisir la bonne précocité pour éviter les coups de chaud

Alexis Decarrier estime qu’il faut tout de même rester vigilant avec l’oïdium pour les semis tardifs, notamment en Champagne. Côté date, son conseil est de ne pas implanter de blé après le 15 novembre. « Mieux vaut alors cibler une orge de printemps car on va perdre trop de rendement ». Pour lui, la précocité reste le critère de choix afin de ne pas avoir de remplissage du grain au moment des coups de chaud : « une variété précoce à demi-précoce s’en sortira toujours mieux ». Arvalis recommande aussi de diversifier les variétés, les dates de semis et les précocités pour gagner en résilience vis-à-vis d’aléas climatiques.

Semées vers la mi-octobre, Chevignon (2017) et KWS Extase (2018) restent pour l’institut technique des valeurs sûres. Pour les semis semi-tardifs à tardifs, Alexis Decarrier complète sa sélection avec deux obtentions de Florimond Desprez : Celebrity et Prestance. Quant à la nouveauté du même obtenteur, Intensity, elle conviendra aussi bien derrière les premiers arrachages de betterave que les autres précédents culturaux.

Figurant parmi les 29 inscriptions de 2023, Intensity est à semer à partir du 15 octobre. Preuve du progrès génétique, la variété compte six bonus à l’inscription dont trois pour son comportement face aux maladies : sa tolérance à la septoriose (7), au piétin verse et à la cécidomyie orange. « Ce très bon profil de tolérance aux maladies corrélé à un très bon potentiel de rendement lui a même valu un 4e bonus à l’inscription pour son faible écart traité – non traité, souligne Laurence Bidaux, responsable de la communication céréales chez Florimond Desprez. Avec un profil BPS (1) en observation meunerie, un double bonus en protéines GPD(2), ce blé barbu affiche un très bon profil qualité ».

Inscriptions 2023, dans le sillon de Chevignon et de KWS Extase

Dans la lignée de Chevignon, variété la plus cultivée dans les zones betteravières, Saaten a inscrit en 2022 SU Addiction, précocité 6 à épiaison, bien adaptée pour valoriser les terres profondes en zone nord. Rejoignant cette année la liste des VRM(3) (voir encadré), elle témoigne d’un très bon niveau de qualité et des teneurs en protéines très favorables (6 en protéines pures et 8 en GPD). Ce dernier critère est souligné par Emmanuel Sterlin, responsable marketing et communication du Réseau Deleplanque chez Saaten Union : « SU Addiction est l’une des rares variétés à maintenir sa note de GPD dans les évaluations 2023 d’Arvalis ». Outre une bonne tolérance aux maladies et une résistance à la cécidomyie, elle révèle une productivité avantageuse dans les terres à bon potentiel. « Avec Mousqueton, VRM et variété « agroécologique » en raison de ses bonnes notes sur les maladies, nous avons ainsi le trio de tête de notre gamme pour les rotations betteravières », résume Emmanuel Sterlin.

En complément de KWS Extase, N° 2 du marché, KWS déploie pour les zones Nord-Est, Hauts-de-France et Bassin parisien, KWS Perceptium (2022) avec 600 ha en multiplication pour les semis 2023. Classée VRM, cette variété demi-précoce est très bien notée pour le risque mycotoxine DON (6) et affiche un profil maladies complet. Quant à KWS Erruptium (2023), blé type hiver, c’est son potentiel de rendement supérieur aux deux leaders du marché que met en exergue le semencier, ainsi que la résistance aux maladies. La variété possède une note septoriose de 7, de 8 pour la rouille jaune, et de 5,5 en fusariose. Pour la qualité, la note PS est de 6, celle en protéines de 4. Dernier lancé, KWS Astrum, demi-précoce est en observation meunerie et offre là aussi un excellent profil maladies. « Notre gamme continue de s’étoffer depuis 2 ans avec des blés qui apportent de la productivité et de la résistance aux maladies », complète Nicolas Dezobry, chef de marché céréales chez KWS Momont.

Tolérance JNO

À souligner pour gérer les maladies : la variété tolérante à la jaunisse nanisante de l’orge (JNO), RGT Tweeteo de RAGT. « Trouver une solution face au risque pucerons qui transmet cette virose, c’est un gros levier ! », complète Alexis Decarrier. Destinée à toutes les zones céréalières, précoce, elle est aussi tolérante aux cécidomyies orange. « C’est vraiment une alternative aux insecticides en cas de pression modérée que nous mettons en avant cette année », souligne Sophie Rousseau, cheffe de produits blé tendre RAGT. Présent avec RGT Pacteo sur le créneau demi-précoce avec une excellente qualité de grain (note de 7 en protéines avec un GPD de 9 et 7 en PS), RAGT complète son offre par un blé précoce, RGT Propulso, hiver/demi-hiver au bon profil productivité et maladies, notamment en rouilles.

À l’épreuve du changement climatique

La réponse des blés au stress hydrique et la stabilité du rendement face au changement climatique font désormais partie des interrogations au moment du choix variétal. De bons comportements sont observés dans les essais de variétés semées à des dates plus tardives, les confrontant au coup de chaud au moment du remplissage : « les variétés actuelles résistent mieux », témoigne Alexis Decarrier. Dans les programmes de sélection, Emmanuel Sterlin souligne l’attention portée par les obtenteurs sur la photosensibilité avec des blés qui ne redémarrent pas trop vite en sortie d’hiver. S’ajoutent la résilience en fin de cycle et l’équilibre des composantes avec des variétés qui ont la capacité de compenser un manque de tallage ou sur le PMG. Ce dernier critère est aussi mis en avant avec les blés hybrides, en plus de la régularité du rendement.

Quant au travail sur le volet qualité, il se trouve surtout sur le critère protéines. « C’est un point essentiel pour le marché interne comme pour les meuniers à l’export », rappelle Alexis Decarrier.

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(1) BPS : blé panifiable supérieur.

(2) GPD (Grain Protein Deviation) : capacité à concentrer les protéines.

(3) VRM : variétés recommandées par la meunerie.