Commençons par saluer l’« entrée dans le désherbage mécanique » d’Agrisem, spécialiste des techniques culturales simplifiées (TCS) qui avait choisi Agritechnica pour présenter une bineuse 6 m (12 rangs à 50 cm). La Flex utilise un bâti modulable qui s’adapte aux différents écartements de cultures avec une interface coulissante et un guidage par caméra. Les parallélogrammes sont sur des roulements à billes pour plus de fluidité. Le constructeur d’Ancenis (Loire-Atlantique) étudie la possibilité d’ajouter d’autres largeurs de travail et accessoires à sa bineuse voulue, pour le moment, simple et réglable sans outils. Dans la même catégorie de matériels, Carré à qui l’on n’apprendra rien dans le désherbage mécanique, a dévoilé un scalpeur de précision, Urasi, constitué de quatre rangées de dents, un contre-ressort et des socs triangulaires à profil plat qui assurent un scalpage en surface. La profondeur de travail est réglable de 2 à 8 cm à la vitesse de 12 km/h. Toujours au chapitre de la recherche d’une alternative au désherbage chimique, Kuhn a offert une première présentation à sa bineuse Rowliner et à la herse étrille Tineliner. La bineuse, dédiée au maïs et à la betterave, est disponible en 6 ou 12 rangs. Elle est équipée d’une interface, d’une caméra et, si nécessaire, d’un contrôle de section et de pointes en carbure. La herse mesure de 6 à 12 m et le réglage de la pression de ses dents est de série.

Autonomie

Il était difficile, chez Kuhn, de passer à côté de Karl, « le véhicule de traction autonome » (sans cabine) qui entend régler le problème de la main-d’œuvre dans les exploitations agricoles. Une fois la parcelle arpentée, Karl fait son travail sans intervention humaine avec les informations qui lui ont été transmises. Kuhn considère que les applications avec Karl et ses 175 chevaux seront nombreuses. À commencer dans le travail du sol, les premiers essais ayant eu lieu avec une herse rotative. Que réserve l’avenir à ce type de matériel qui doit, en principe, libérer du temps à l’agriculteur ? Plusieurs constructeurs ont, comme dit l’un d’entre eux, « coché la case autonomie ». D’autres ont renoncé. Dans le même ordre d’idée, la solution du tracteur (avec cabine) qui avance sans chauffeur, gagne du terrain. Kubota vend cent modèles par an de son Agrirobo au Japon, où il est homologué. Ce tracteur autonome de 100 ch, semblable à un M 5002, doté d’une transmission à variation continue, offre trois modes de fonctionnement : manuel, télécommandé ou en autonomie totale. De son côté, Claas teste un Xerion 12.590 autonome avec en ligne de mire des marchés comme la Roumanie, en manque de main-d’œuvre qualifiée sur des exploitations agricoles de plusieurs milliers d’hectares. Le constructeur allemand affirme croire dur comme fer dans l’autonomie et bien lui en a pris. Dans le cadre d’Agritechnica, il a été distingué comme membre co-fondateur – avec Agxeed et Amazone – du consortium 3A (Advanced Automation and Autonomy), association « multi-constructeurs et ouverte », favorable à la mise en commun des compétences dans le développement de l’automatisation et de l’autonomie des tâches en agriculture. Moins futuriste, plus terre à terre, Same Deutz-Fahr enrichit à nouveau ses gammes de tracteurs avec une nouvelle série 6 composée de cinq modèles motorisés par un Deutz de 171 à 192 ch (avec la surpuissance), tous pourvus d’une transmission à variation continue TTV. Les deux machines d’entrée de gamme (6160.4 et 6170.4) tournent avec un quatre-cylindres ; les autres (6160, 6170 et 6180) avec un six-cylindres.

Grosses cylindrées

À l’opposé, dans la catégorie de la très grande puissance, Case IH poursuit le développement de la série des Quadtrac apparue il y a presque trois décennies. Le petit dernier, le 715, est une machine de 778 ch (puissance maximale) animée par un énorme moteur FPT Cursor de 16 litres de cylindrée. Proposé uniquement sur des chenilles, le tracteur affiche une capacité de levage arrière de 10 tonnes avec, en option, un attelage trois-points de catégorie 4. L’hydraulique est à la hauteur de la situation avec huit distributeurs auxiliaires alimentés par une pompe de 216 ou, en option, 428 litres / minute. Autre machine imposante mais dans une tout autre activité, la nouvelle arracheuse de pommes de terre de Ropa était présentée à Agritechnica. La Keiler II RK 22 – deux-rangs de seconde génération –, prévue en série limitée en 2024, remplacera la RK 21 en 2025 après dix ans de bons services. De l’une à l’autre, la cinématique de nettoyage reste la même. En revanche, il y a maintenant deux chaînes courtes de tamisage au lieu d’une longue, une chaîne effaneuse au chemin revu et une hydraulique plus puissante. La qualité vidéo est améliorée et deux joysticks, un à gauche, l’autre à droite, sont installés dans la cabine du tracteur. Moins impressionnant, il faut signaler l’arrivée chez Horsch d’un nouvel automoteur de pulvérisation, Leeb 5.230 VT, à la voie variable de 1,80 m à 2,40 m, qui devrait répondre aux attentes des planteurs de betteraves et de pommes de terre. Le constructeur bavarois explique avoir baissé le prix de sa machine en y montant un moteur de 230 ch au lieu de 310 ch, et des moteurs de roue plus petits. La largeur maximum de la rampe est de 48 m. Terme de cette liste de machines loin d’être exhaustive, Väderstad relance la version européenne, arrêtée il y a dix ans, de son semoir pour le semis direct Seed Hawk. Mais il faudra être patient. Le constructeur suédois ne prendra les premières commandes qu’à la fin de 2024.

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