« Nous avons enfin des prix rémunérateurs », a déclaré le président de la CGB, Franck Sander, lors de la conférence de presse annuelle du syndicat le 28 novembre. L’embellie des marchés du sucre devrait permettre de rémunérer la betterave semée en 2023 autour de 55 €/t (tout compris), un chiffre théorique calculé par la CGB, qui sera modulé en fonction des politiques de chaque groupe sucrier.

« Il n’y a pas à rougir des prix élevés, a poursuivi Franck Sander. Après plusieurs années difficiles pour notre filière, les marchés doivent permettre aux industriels d’atteindre une rémunération potentielle de 55 €/t, c’est une bonne nouvelle car nos coûts de production ont très fortement augmenté ces dernières années ». Désormais la CGB estime qu’ils sont de 3 100 €/ha, contre 2 200 €/ha en moyenne sur la période 2010-2020. Le syndicat estime ainsi qu’à moins de 35 €/t, la betterave n’est plus rentable, alors qu’il y a 4 ans le point d’équilibre était à 25 €/t.

Maîtriser les surfaces en 2024

Pour les semis 2024, le prix des betteraves n’est pas garanti : « le marché mondial reste ferme, mais il pourrait se retourner », selon la CGB. Et si l’Union européenne augmente ses surfaces de 5 à 10 %, en cas de bons rendements, elle pourrait redevenir excédentaire avec pour conséquence de faire converger le prix européen du sucre vers le prix mondial, ce qui serait synonyme d’une moindre valorisation des betteraves.

Par ailleurs, on peut s’attendre à des importations de sucre ukrainien, qui pourraient dépasser 700 000 tonnes l’an prochain. « Le marché spot a déjà réagi aux annonces d’importations venant d’Ukraine », indique le directeur général de la CGB, Nicolas Rialland. Ces importations pourraient casser la dynamique actuelle du marché européen. La CGB demande donc que ces volumes soient réexportés sur le marché mondial.

« Ce constat doit appeler l’ensemble des acteurs européens du sucre à une maîtrise des surfaces en 2024, car il ne serait pas acceptable que les betteraviers supportent ce risque de baisse des prix », ajoute Franck Sander.

Une culture plus risquée

Si la betterave reste une des meilleures marges dans les exploitations, la CGB souligne que la culture est plus risquée que par le passé. Le marché européen du sucre ne bénéficie plus d’aucun filet de sécurité. « La Commission européenne doit réintégrer des outils de régulation de marché du sucre dans la prochaine PAC 2027 », demande le syndicat. Autrement dit un prix minimum ou d’intervention pour organiser le stockage, afin de passer le cap des années où les prix seraient trop bas… Et pousser les clauses miroirs vis-à-vis des pays dont les normes environnementales sont beaucoup moins strictes qu’en Europe (voir le Betteravier français n° 1 173 p 9).

La betterave devient aussi une culture plus incertaine au niveau technique, avec une pression constante sur les moyens de production. Concrètement, les betteraviers français n’auront pas de solutions techniques totalement efficaces contre la jaunisse en 2024. « Nous n’avons pas encore de variétés véritablement tolérantes », estime Nicolas Rialland. « Que fera-t-on en 2024 en cas de forte attaque de jaunisse ? », s’interroge Franck Sander.

En attendant l’arrivée d’un nouvel aphicide pour 2026 et surtout des variétés résistantes, la CGB demande à l’interprofession d’étudier la faisabilité d’un fonds sanitaire de filière.

La betterave française doit en effet faire face à des concurrents européens qui disposent encore un néonicotinoïde : l’acétamipride homologué en pulvérisation.

Force est de constater que les distorsions de concurrences sont toujours là !