Les premières annonces de Gabriel Attal le 26 janvier dans un élevage bovin à Montastruc-de-Salies (Haute-Garonne) n’ont pas fait baisser la colère et la détermination des agriculteurs. S’ils ont obtenu l’abandon de la hausse de la taxe sur le gazole non routier, le renforcement des contrôles pour faire respecter la loi EGalim ou des mesures de simplification administrative, ils souhaitent que le gouvernement aille plus loin.

Le soir même au 20 heures de TFI, le président de la FNSEA Rousseau déclarait : « Les annonces du Premier ministre ne répondent pas à la totalité des questions que nous nous posons. Un certain nombre de réponses ont été apportées et elles vont dans le bon sens (…), mais il y a beaucoup de revendications auxquelles le Premier ministre n’a pas répondu. »

Dans l’attente de nouvelles annonces de Gabriel Attal, la FNSEA continue les blocages. Dès lundi 29 janvier à 14 heures, les agriculteurs du grand Bassin Parisien ont entamé « un siège de la capitale pour une durée indéterminée. Tous les axes lourds menant à la capitale seront occupés par les agriculteurs », a indiqué la FRSEA de l’Île-de-France. Selon les renseignements territoriaux, il y avait « près de 800 tracteurs » dans le Bassin parisien.

À la veille de son discours de politique générale à l’Assemblée nationale (mardi 30 janvier), le Premier ministre, devait recevoir Arnaud Rousseau et le président des Jeunes Agriculteurs, Arnaud Gaillot, en début de soirée à Matignon. Il pourrait donc y avoir de nouvelles annonces demain.

Les agriculteurs demandent surtout d’annuler des normes sur les produits phytosanitaires, car elles mettent parfois en danger des filières entières, comme la betterave, les cerises ou la production de semences. Le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, le reconnaissait sur BFM TV le 28 janvier : « on a pendant un certain nombre d’années produit nos propres normes sans se soucier de ce qui s’est passé à l’extérieur des frontières françaises. Or, nous sommes dans un marché unique. Et quand on est dans un marché unique, on ne peut pas avoir des règles aussi diverses. »

Convaincre à Bruxelles

Et puis il y a toutes les contraintes qui sont du ressort de l’Europe. Le gouvernement devra convaincre les autres États membres. Il y a d’abord les accords de libre-échange, qui engendrent une concurrence déloyale. Celui qui fait figure d’épouvantail est l’accord en discussion entre l’Union européenne et le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay) mais aussi avec l’Ukraine, qui bénéficie de la suspension des droits de douane les produits agricoles depuis 2022.

Les agriculteurs souhaitent également que l’Union européenne abandonne l’obligation de consacrer 4 % des terres arables à de la jachère. Les syndicats agricoles devraient maintenir la pression au moins jusqu’au 1er février, date à laquelle se tient un conseil européen. Emmanuel Macron abordera-t-il l’impact des accords de libre-échange ou du Green Deal sur l’agriculture ? Vu les manifestations qui se tiennent aussi chez nos voisins, le président français ne devrait en tout cas pas être le seul à soulever ces questions à Bruxelles.